[image] Par Samira Imadalou «Le marché du brut est déséquilibré». Le constat émane du ministre de l'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi qui a appelé hier à partir de Vienne où se tiendra la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) un consensus pour sortir de cette situation. Pour le ministre, il y a lieu surtout d'arrêter la chute des prix de l'or noir «La question de la baisse des prix sera sérieusement discutée jeudi (aujourd'hui, Ndlr) lors de la réunion ministérielle de l'organisation. J'espère qu'il y aura un consensus pour stopper le déclin des prix du pétrole», a-t-il noté hier lors du 5e séminaire de l'organisation mettant en garde contre «le risque réel» que court l'Opep en cette période d'instabilité des prix. Le ministre estime en effet, que le rythme de production de l'Opep a largement dépassé le plafond fixé en décembre dernier se hissant à 31,85 mbj, voire 32 mbj, provoquant un gonflement important des stocks mondiaux alors que la demande est au ralenti. «Toute augmentation de la production au-delà du niveau fixé en décembre dernier ne sert qu'à augmenter les stocks. Or, nous assistons, aujourd'hui, à un accroissement du rythme de la production de l'organisation. Les chiffres parlent de 31,8 à 32 mbj. En clair, nous avons un excédent entre 1,8 et 2 mbj. Il est fatal sur les prix», a-t-il expliqué. Ce qui fait courir de grands risques sur les pays producteurs de pétrole. «J'espère qu'il y aura une prise de conscience sur l'effet négatif de l'augmentation de la production du pétrole sur les prix, notamment ces dernières semaines et que l'Opep court ainsi un risque réel», a-t-il déclaré selon l'APS. Pour rappel, l'Opep, qui assure plus de 30% de l'approvisionnement mondial de pétrole, s'était engagée fin décembre dernier à maintenir la production de ses douze membres à 30 mbj, le niveau où elle se situait alors, mais sans redéfinir de quotas individuels. Cependant, la production de l'organisation a augmenté à un niveau presque historique sans prendre en considération certains facteurs que ce soit au niveau géopolitique ou économique. En dépit de la faiblesse de l'économie mondiale, de la demande fragile et de la tension autour de l'Iran, l'Opep a augmenté sa production rendant l'offre beaucoup plus importante que la demande. C'est principalement, l'Arabie saoudite qui a fortement augmenté son offre depuis décembre, passant de 9,45 mbj à plus de 10 mbj en mai, Conséquences : aujourd'hui, les prix se retrouvent à des niveaux bas, par rapport à ceux atteints, il y a huit mois. Ainsi, après les cimes de mars dernier (128 dollars, le baril), les cours ont été refroidis par la crise en zone euro et une série d'indicateurs économiques moroses aux Etats-Unis et en Chine. Ils ont perdu au total en l'espace de deux mois plus de 20% tombant au début de ce mois sous les 100 dollars. D'où l'inquiétude de l'Opep. Youcef Yousfi n'a pas manqué de le rappeler hier, notant que toutes les analyses convergent sur la nécessité de maintenir la production à un niveau normal. Selon Yousfi, «la production de l'Opep, nécessaire pour approvisionner le marché mondial correctement est de 29,9 mbj». Parallèlement, la demande mondiale est «largement couverte à partir du niveau de production de 30 mbj». Plusieurs autres ministres de l'Opep ont également affiché leurs appréhensions face à l'excès de production sur le marché mondial mettant en cause la forte hausse de l'offre saoudienne. C'est le cas du ministre équatorien Wilson Pastor-Morris qui dira : «Je pense clairement qu'il y a une surproduction actuellement sur le marché.» Même réaction chez le ministre libyen du pétrole Abderrahmane Ben Yazza qui évalue l'excès à 1,8 million mbj, alors que le vénézuélien Rafael Ramirez avait évoqué mardi dernier une surproduction de 3 mbj. Les sanctions financières européennes à l'égard de l'Iran et l'embargo prévu sur le brut iranien à partir du 1er juillet prochain «vont conduire à déstabiliser le marché et à provoquer finalement de violents mouvements des prix», a averti pour sa part le ministre iranien du pétrole Rostam Ghasemi. En dépit de ces mises en gardes et ces inquiétudes, le secrétaire général de l'Opep, Abdallah el-Badri s'est dit «certain que les Etats membres arriveront à un consensus» sur le niveau de production lors de leur réunion d'aujourd'hui. Une certitude qui intervient au moment où le ministre saoudien, Ali al-Nouaïmi appelle à une hausse des quotas de production de l'Opep.