Le SILA 2008 a ouvert ses portes, les stands s'animent, les propositions varient et les gens affluent comme chaque année à la Safex en quête de bonnes occasions… Mais, trois jours après le coup d'envoi de la 13ème édition du Salon international du livre d'Alger, en visitant les stands et les espaces réservés à l'animation culturelle, les premiers signes d'une véritable professionnalisation du salon ne sont pas perceptibles. Bien au contraire, ce sont les mêmes vieux réflexes entachant chaque année la manifestation qui sont encore une fois au rendez-vous. Cartons non encore déblayés, stands vides, exposants qui se plaignent et l'éternelle absente : la valorisation du livre. Des 400 exposants des deux pavillons réservés à la manifestation, très peu ont mis le paquet sur l'esthétique, la disposition des objets exposés pour une véritable promotion du livre. Dans des styles différents, seule une petite dizaine d'exposants a pensé à agencer les livres de manière à les mettre en valeur. Notamment quelques éditeurs étrangers et certains nationaux, dont les éditions Alpha, Chihab, Barzakh, Casbah ou encore la maison d'édition Daliman qui a même pensé à proposer des catalogues pour faciliter la découverte de ses nouvelles parutions. Mais le constat du manque d'organisation est plus frappant du côté du chapiteau blanc installé pour abriter les 45 cafés littéraires programmés. Pour le premier après-midi, deux thèmes évocateurs ont été pompeusement annoncés : 60 ans d'écriture féminine en Algérie et existe-t-il une littérature algérienne ? Ces deux premiers cafés littéraires ont été boycottés autant par le public que par les conférenciers eux-mêmes. Le premier, prévu à 14h, n'a débuté qu'à 14h30 avec Zineb Laouadj qui a commencé l'intervention avant même l'arrivée de la deuxième conférencière programmée, Nacera Belloula qui arrivera 15 minutes avant la levée de la séance. Le sujet promettait d'être passionnant mais la conférence passera à côté des espoirs qu'elle avait permis dans l'esprit des quelques personnes qui y ont assisté. Les deux dames ont tout de même pris le temps d'exprimer leurs idées. Zineb Laouadj a confronté l'expérience des écrivaines arabophones à celles des auteures francophones qui, selon ses propos, «ont eu plus de facilités à s'imposer en s'appropriant la langue des colons. Les arabophones, elles, ont souffert de la sacralisation de la langue arabe». Nacera Belloula s'est, pour sa part, intéressée aux premiers écrits produits par des femmes en Algérie et qui remontent à l'année 1947 avec Jacinthe noire de Taos Amrouche et Aziza de Djamila Debache. Le second café littéraire a été encore plus décevant étant donné que des quatre invités, Aïcha Kassoul, Rachid Mokhtari, Mohamed Sari et Fatima Bakhai, seule cette dernière a été au rendez-vous. A la question posée dans l'intitulé de la conférence -existe-t-il une littérature algérienne ?- Fatima Bakhai répondra que non. «Il existe des écrivains algériens qui entrent dans le cadre d'une littérature universelle», expliquera-t-elle en soulignant que la littérature est transnationale. Une thématique intéressante mais qui n'a pu être développée. Ce qui n'a pas contenté les personnes venues écouter les interventions de plusieurs spécialistes mais qui sont reparties quelque peu déçues. Ainsi, trois jours après le lancement d'une des plus importantes manifestations culturelles du pays, la professionnalisation du salon annoncée par ses organisateurs semble avoir du mal à s'imposer…