Dès l'entrée, on remarque le plan du salon. C'est la première fois que les organisateurs du Salon international du livre d'Alger (SILA) pensent à afficher un plan présentant les stands des différents exposants dans les deux pavillons affectés à cette 13ème édition du SILA. Il a fallu attendre la 13ème édition pour voir cette présentation somme toute facile à réaliser quand l'organisation est au rendez-vous. Et c'est, semble-t-il, le cas pour cette 13ème édition que les organisateurs du SILA ont inscrite sous le signe de la professionnalisation. Même si les visiteurs ne s'arrêtent pas tous, les quelques-uns qui consultent le panneau d'affichage ne cachent pas leur contentement. «Ça me permet de savoir où je dois aller sans trop fatiguer les enfants», dira une dame accompagnée de trois marmots. «Même si j'ai l'intention de visiter le maximum de stands, grâce au plan je peux dresser les priorités», renchérira un jeune cadre. Dans le pavillon central, un deuxième signe de bonne organisation saute aux yeux : le salon n'a plus l'apparence du souk qu'il avait durant toutes les éditions précédentes. Avec la disqualification des libraires et des importateurs, le nombre d'exposants s'est réduit de près de la moitié. Le salon est plus aéré. Avec la limitation des ouvrages à exposer (100 nouveaux ouvrages, 50 pour les œuvres parues les cinq dernières années et 5 exemplaires pour les anciennes publications) pour que le salon ne soit plus le marché de déstockage qu'il avait toujours été, les stands du 13ème SILA sont dans l'ensemble, eux aussi, plus aérés. Il y a évidemment des exposants qui ne jouent pas le jeu et qui continuent à gérer leurs stands comme de vulgaires comptoirs de vente. Mais il y en a aussi qui font montre de professionnalisme et de respect pour le livre et pour le visiteur. Les éditeurs algériens, dans leur écrasante majorité, sont dans cette catégorie. Leurs stands se distinguent par les touches d'esthétique et le souci de bonne présentation. Ils accrochent. Les éditions Alpha en sont. Cette jeune maison d'édition s'est fait un nom en l'espace de quelques années grâce à ses coups de cœur qui ont présenté de jeunes auteurs. Pour le SILA, Alpha, comme d'autres maisons d'édition, s'est inscrite dans le slogan de la 13ème édition, «raconte-moi un livre». Elle réserve une bonne place aux livres d'enfants et aux enfants. Dans un coin du stand, des poufs aux couleurs chatoyantes entourant une table avec des pots de crayons de couleur dessus tendent les bras aux enfants. Trois conteuses du cercle Rêv'arts d'Alger, joignant le geste à la parole, invitent les enfants à s'asseoir en leur offrant des feuilles blanches et des bonbons. «Dessine ce que tu veux. Après, on vous racontera des histoires», leur promettent-elles. Quelques gosses s'assoient et gribouillent en laissant libre cours à leur débordante imagination. Leurs œuvres seront accrochées à la paroi du stand pour attirer d'autres enfants. «On va les conserver en attendant de trouver des sponsors pour les publier», dira une responsable des éditions Alpha. «Il vous faut des sponsors pour ça ?» demandons-nous. La responsable nous explique que des sponsors aideront la maison d'édition à réduire les coûts, donc les prix de vente des livres, qui, avec la qualité, sont l'un des soucis majeurs de l'éditeur. Les livres de contes exposés dans le stand en sont d'ailleurs la preuve. Les prix varient entre 20 et 60 dinars. Après la séance de dessin, place au conte. Les conteuses se succèdent pour raconter à leur jeune auditoire des histoires, en arabe, en français et en kabyle, bourrées de morales. Les conteuses travaillent en véritables professionnelles. Même si leurs talents ne sont pas exploités à bon escient par les institutions officielles, telles l'éducation ou la culture, les conteuses ont animé de nombreux cercles, en Kabylie principalement, dans les écoles où elles sont invitées. Elles espèrent, elles aussi, trouver quelques aides qui leur permettraient de publier les contes qu'elles ont créés ou revivifiés. En attendant, elles vont à la rencontre des enfants à chaque fois que l'occasion leur en est donnée. Le stand des éditions Alpha l'a fait et elles l'exploitent du mieux qu'elles peuvent. D'autres conteuses officient dans d'autres stands, avec la même philosophie et les mêmes objectifs, pour le plus grand bonheur des enfants, ce qui sera assurément l'un des indicateurs de réussite de ce 13ème SILA.