Spécialistes, société civile et gouvernements ont plaidé au Brésil, pour une économie verte, qui pourrait tirer vers le haut l'économie mondiale. Mais, qu'est-ce que l'économie verte ? Est-ce un nouveau mode de croissance ou une simple adaptation de la croissance actuelle ? Autant de questions qui se posent et auxquelles il faudrait trouver réponses. Le défi aujourd'hui est de garder une longueur d'avance et de coordonner les moyens et les mesures mises en place pour promouvoir l'économie verte en y associant pays sous développés et société civile, car devant le poids économique des activités liées à l'environnement, de nombreux Etats se lancent activement dans les éco-activités et le développement de nouvelles technologies, prenant le parti de réconcilier protection de l'environnement, création d'emplois et compétitivité industrielle. Il s'agit notamment des Etats-Unis et de la Chine, ainsi que de l'Allemagne, de la Corée du Sud ou du Danemark. Chacun décline, à sa façon, l'économie verte en se concentrant sur certaines industries ou chantiers emblématiques. Ainsi, le secteur des énergies renouvelables, reste, malgré la crise, très porteur. Les politiques publiques jouent un rôle essentiel pour répondre à la double crise économique et écologique. Elles initient les plans de relance (le budget de la relance mondiale, depuis 2008, est évalué à 2 800 milliards de dollars), favorisent les investissements permettant l'éclosion de nouveaux marchés et la création d'emplois. Elles orientent aussi la recherche et le développement des compétences. Mais réussir le passage à une économie verte implique également la participation d'autres acteurs : entreprises privées, collectivités territoriales et consommateurs. En tout cas, les animateurs de la conférence au Sommet de Rio se sont engagés à promouvoir une «économie verte» épargnant les ressources naturelles de la planète et éradiquant la pauvreté, pendant que les critiques fusaient sur son absence d'objectifs contraignants et de financement. Le Sommet Rio qui voulait engager le monde vers l'éradication de la pauvreté et la préservation de la nature, a cependant accouché de formules creuses. On y évoque l'économie verte, qui pourrait répondre aussi bien à la crise économique qu'à la dégradation de la planète, mais sans fournir de lignes directrices, sans rien imposer. On décide un renforcement du programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), mais sans lui donner la force et l'autonomie d'une vraie agence de l'ONU. Au milieu de formules consensuelles préservant les égoïsmes nationaux, se glisse le principe d'objectifs du développement durable, «en nombre limite», concis et tournés vers l'action. L'échec de Rio donnera aux gens plus d'énergie pour se mobiliser et se battre pour la planète, a déclaré Daniel Mittler, de Greenpeace. A l'issue de la conférence, nombre de participants s'interrogeaient d'ailleurs sur la nécessité de ces confrontations d'Etats aux intérêts particuliers. «Ca montre l'impuissance du politique, la paralysie du système, ça rend pessimiste sur sa capacité à générer quelque chose», estimait Laurence Tubiana. 193 pays qui doivent atteindre l'unanimité, c'est difficile, peut-être faut-il modifier le système de fonctionnement, admet Brice Lalonde. C'est une structure «inadaptée», affirme Gilles Berhault, président du Comité français pour le développement durable, pour qui la souveraineté des pays n'est plus de mise dans un monde «interdépendant». R. E.