Une nuit rouge, d'enfer, est celle qu'a vécu la «Squadra Azzura», dimanche, au stade olympique de Kiev (Ukraine). Face aux «diables» de la balle ronde, Gianluigi Buffon et les siens n'auront jamais pesé au cours d'une rencontre maîtrisée d'un bout à l'autre par les camarades de David Silva qui ouvre le score pour la «Roja», au bout de 14 mn de jeu avant que Jordi Alba (41') -la révélation de cet Euro- ne fasse plier la finale en trompant le portier transalpin, grâce à une offrande signée Xavi Hernandez suivie d'un plat du gauche plein de sang-froid. A la mi-temps, les Ibériques menaient déjà par deux buts d'écart, face à une Italie pour qui rien n'allait sourire finalement. Certains, diminués physiquement, d'autres, jouant blessés, le onze de Cesare Prandelli avait pris un sérieux coup quand Giorgio Chiellini, l'un des piliers de la «défenza» italienne, s'est (re)blessé après 20 mn de jeu seulement. Comme un symbole, Thiago Motta qui venait de suppléer Riccardo Montolivo ne sera resté que cinq petites minutes sur la pelouse, laissant ses coéquipiers terminer le match à dix (puisque le sélectionneur avait consommé les trois changements règlementaires). Dur, trop dur même pour une «Nazionale» déjà mal en point et faisant difficilement le poids à onze contre onze. Avec un joueur en moins, l'Italie a fini par s'effondrer sous les assauts incessants des Espagnols puisque Fernando Torrès, désigné soulier d'or pour ses trois buts, inscrit le troisième but (83') pour la «seleccion», avant de se muer en passeur pour le but de Juan Matta (88') qui ne se fait pas prier pour mettre un terme à la cauchemardesque soirée «Azzurie». Le joueur de Chelsea avait remplacé Andrés Iniesta, élu homme du match, une minute auparavant. Une équipe légendaire, la sélection de tous les records. La «Furia Roja» a fait des ravages, même si les désormais «rois du football» ont attendu le dernier match de ce 14e championnat d'Europe des nations pour sortir le grand jeu et infliger cet historique 4 à 0 à la bande de Prandelli qui aura connu sa première défaite en match officiel avec son team. L'Espagne, elle, n'a jusque-là pas perdu la moindre rencontre officielle et reste invaincue depuis 2006 face à la France (3/1) en huitième de finale de Coupe du monde. Impressionnant ! Stratosphérique ! L'Espagne est en train de faire dans la «dictature footballistique», son hégémonie ne souffrant donc aucun doute et n'a pas d'égale. En défense, avec un seul but encaissé, dans l'entrejeu avec les 3 417 passes réussies avant ce match, face à l'Italie (1 576 passes) ou en attaque avec 12 buts marqués, ce second sacre européen d'affilée (la première équipe à conserver son titre) est la meilleure récompense pour une équipe magique, toujours assoiffée de victoires et qui n'arrête pas d'écrire l'histoire. Les «Azzuris», auteurs d'un tournoi remarquable n'ont pas pu tenir la dragée haute à la meilleure équipe de l'histoire. Le courage des Italiens et la présence du mentor Andrea Pirlo n'auront malheureusement pas suffi à aller au bout du rêve, celui de gagner le trophée. Les larmes aux yeux, le joueur de la Juventus de Turin regardait «el capitano» espagnol, Iker Casillas soulever la coupe dans le ciel de Kiev. Le chef d'orchestre Italien, marqué à la culotte par Xavi et Busquets tout au long du match, n'a pas pu jouer toute sa partition lors de cette finale. Il aura tout de même été le meilleur parmi les siens. L'ex-joueur du Milan AC jouait peut-être son dernier tournoi majeur. Même si c'est son homologue, Andrés Iniesta qui a été désigné joueur du tournoi, Pirlo méritait peut-être une distinction en guise de récompense pour sa formidable phase finale de l'Euro et l'ensemble de son parcours. Une Europe dominée par ses adversaires d'un soir. Les Ibères sont-ils imbattables ? Jusqu'à preuve du contraire, et depuis le super show de dimanche soir, la réponse est : OUI!