Phénomène planétaire, la contrefaçon ne semble épargner aucun secteur. Pas même celui des médicaments. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 10% des médicaments sont contrefaits. On estime à quelque 80 milliards de dollars le marché de la contrefaçon de médicaments, soit le dixième du marché pharmaceutique mondial, qui était de 827 milliards de dollars en 2010, et devrait grimper à 1 100 milliards de dollars en 2014, selon IMS Health Consulting. Ces médicaments proviennent de l'Asie du Sud-Est. Selon le Pharmaceutical security institute, «plus de 70% des produits contrefaits viennent de Chine et d'Inde». L'OMS va plus loin, en dévoilant que 30% des médicaments qui circulent dans les pays en voie de développement sont falsifiés. Des réseaux criminels prospèrent sur le trafic de ces faux médicaments aux conséquences mortelles. Lors d'un colloque, organisé dernièrement dans la capitale française, les spécialistes venus des quatre coins du monde ont tiré la sonnette d'alarme, sur «ce fléau qui ne fait que s'aggraver. Une nouvelle activité du crime organisé qui vient après le trafic de drogue mais qui pourrait dans quelque temps le dépasser». Majoritairement produits en Asie et principalement écoulés en Afrique, les contrefaçons de médicaments peuvent tuer. D'après l'organisation onusienne, 200 000 vies pourraient être sauvées chaque année si tous les médicaments utilisés étaient de bonne qualité et correctement prescrits. Un problème de qualité d'un médicament est un indice d'une contrefaçon. Les faux médicaments sont sans principe actif ou bien sous dosés et, souvent, des contrefaçons d'une grande marque avec un emballage imitant le vrai produit. Certaines contrefaçons renferment également des substances toxiques. Seules des analyses scientifiques peuvent déterminer s'il s'agit bel et bien de faux médicaments. En Algérie, cette mission incombe, entre autres, au Laboratoire national de contrôle de produits pharmaceutiques (Lncpp) qui contrôle en moyenne près de 20 000 échantillons de médicaments par an. Le Lncpp a été reconduit par l'OMS pour un nouveau mandat de 4 ans pour ses prestations de qualité. Il a été chargé, en 2003, de contrôler les produits pharmaceutiques en Afrique. En Algérie, aucun médicament contrefait n'a été signalé jusque-là par ce laboratoire. Toutefois, notre pays n'est nullement à l'abri de ce fléau destructeur qui met en danger la santé des patients. Car il y a aussi l'introduction illégale de médicaments qui passent le filet de contrôle. D'où l'importance de s'armer pour déjouer la commercialisation de ces produits dangereux et d'élaborer une stratégie nationale sur les produits pharmaceutiques, avec l'implication de tous les acteurs du secteur de la santé pour lutter contre ces médicaments qui nuisent à la santé. C'est d'ailleurs le plaidoyer de M. Abdelkader Hilali, directeur du Centre national de pharmacovigilance. Intervenant, récemment, lors d'une journée parlementaire consacrée à l'évaluation du système sanitaire depuis l'indépendance, M. Hilali a mis en garde contre ce phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur dans le monde. La vigilance reste donc de mise. A. B.