Photo : Riad Par Samir Azzoug La colère des gardes communaux est montée d'un cran. Hier, au niveau de la permanence nationale, siège de la délégation de Blida, les coordinateurs du corps étaient entourés de plusieurs dizaines de gardes communaux venus de différentes wilayas. «Aujourd'hui, on attend les délégations des 48 wilayas pour décider de l'étape à suivre dans notre contestation. Et nous allons encore marcher», informe Aliouet Lahlou, coordinateur national du mouvement. Les raisons de la tension sont multiples et les mots pour les définir crus et acerbes : hogra, mépris, pressions, exploitation. Pour la liste des griefs retenus contre les pouvoirs publics, les gardes communaux protestataires dénoncent d'abord le communiqué émanant du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, rendu public au lendemain de la marche de Blida vers Alger le 9 juillet 2012. «Ils (les pouvoirs publics) fuient les vrais problèmes des gardes communaux. Ils exploitent leur ignorance et leur bas niveau d'instruction pour les induire en erreur par les moyens lourds de communication», dénonce Aliouet Lahlou. Il relève point par point la quinzaine de revendications transmises et les réponses officielles. «Ils nous parlent d'augmentation des valeurs des primes de rendement et de risque. Nous, nous demandons l'établissement de notre statut particulier, le payement de nos 16 heures supplémentaires quotidiennes durant près de 17 ans et notre droit à une couverture sanitaire digne», poursuit le coordinateur national. Ainsi, A. Lahlou assure que le ministère de l'Intérieur a déclaré que toutes ces revendications ne peuvent être assumées -particulièrement pour la révision de grades et des catégories- «car il n'y a pas de postes budgétaires ouverts au niveau des communes». Il s'étonne d'une telle déclaration et invite le ministre de l'Intérieur à mener des enquêtes sur les œuvres sociales des gardes communaux. En substance, les principales revendications des gardes communaux ont trait à la révision des primes, au statut particulier, à la prise en charge sanitaire, au classement à la catégorie 12 au lieu de la 6 pour les retraitables, à l'élévation des grades, au payement des heures supplémentaires, à la réintégration des Gardes communaux démis de leurs fonction arbitrairement, l'indemnisation des blessés et malades ainsi que la mise en place d'une carte de reconnaissance attestant leur participation dans la lutte anti-terroristes. Mais à quelle institution ces revendications doivent être portées ? Hakim Chouaib, membre du bureau de la coordination refuse le tutorat du ministère de l'Intérieur et revendique l'intervention directe du président de la République. «Nous ne reconnaissons pas la commission mise en place par le ministère de l'Intérieur. Les délégués des gardes communaux qui y siègent ne sont pas des agents de terrain, du djebel. Ce sont pour la majorité des agents de bureaux, ils n'ont pas les mêmes difficultés que les nôtres». En rappelant le décret présidentiel n° 11-89 portant transfert du pouvoir de tutelle sur le corps de la Garde communale au ministère de la Défense nationale, il affirme que certaines wilayas comme Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira et Batna «et certaines communes et daïras sont toujours en lutte contre le terrorisme». A. Lahlou assure «que le ministre de l'Intérieur lui aurait signifié que son homologue de la Défense refuse d'accueillir le corps des gardes communaux sous sa tutelle car on est un corps indiscipliné». Revenant sur l'après marche de 50 km (Blida-Alger), qu'ils assurent avoir voulu pacifique, sans heurs, ni dégâts, les coordinateurs du mouvement des gardes communaux dénoncent les arrestations de leurs collègues, la mort de Lasfer Saïd, d'une hémorragie par accident, selon le certificat médical remis par l'hôpital de Khemis Miliana, et les pressions que subissent les contestataires. «On a bloqué les salaires des gardes communaux mobilisés. Ils ont commencé par ceux d'Alger. Les pouvoirs publics assumeront toutes les responsabilités des conséquences de ces pressions. Même si nous gardes communaux, qui avons lutté pour la sauvegarde des institutions, nous ne voulons rien détruire», avertit H. Chouaib. Pour conclure, un membre de la coordination dira : «Nous avons enlevé le pays de la gueule du GIA, nous l'avons remis dans les bras du pouvoir, mais ce dernier nous a marginalisé. Lors du passage de convois officiels durant les années de terreurs, on demandait aux gardes communaux d'être présents, mais surtout invisibles. On aurait du comprendre à l'époque».