Les gardes communaux ne décolèrent pas. Le décès de leur collègue Saïd Lasfar, âgé de 57 ans, la pression et les menaces qu'ils subissent ainsi que les poursuites judiciaires à l'encontre de plusieurs d'entre eux ne les empêcheront pas d'atteindre leurs objectifs. La vive tension constatée depuis la marche de lundi dernier a renforcé les rangs des gardes communaux ayant enregistré de nouvelles adhésions à la protestation. «Les unités des gardes communaux sont totalement vides. Nos éléments ne travaillent plus et sont décidés à maintenir la protestation jusqu'à satisfaction de toutes nos revendications» affirme M. Aliouet Lahlou, délégué national des gardes communaux. Une prochaine action de ce corps est attendue dans les prochains jours. «Nous allons investir la rue une nouvelle fois avant le mois de Ramadan» a-t-il indiqué. «Nous exigeons une solution immédiate à notre situation». Le récent incident relatif au décès du garde communal Saïd Lasfer de Khmis Meliana et les réactions du services d'ordre suite à ce décès ont fait monter la pression d'un cran. Les gardes communaux, toujours mobilisés à Blida ont tenu à dénoncer «la manipulation et les mensonges de la DGSN». «Le démenti publié par la DGSN sur les médias pour nier que sa mort est intervenue suite à ce qu'il avait subi lors de la marche de lundi dernier relève du mensonge et de la pure manipulation», dira M. Lahlou. «C'est très grave. Ce sont des justifications qui ne tiennent pas la route» a-t-il ajouté. «Ce que vous avez vu sur la chaîne TV Ennahar fait aussi partie du plan macabre à travers lequel la DGSN veut s'innocenter d'un tel crime. Les témoignages des membres de la famille du défunt soutenant les dires de la DGSN ont été faits sous pression. Depuis sa mort, c'est toute sa famille qui fait face à la pression des autres membres de la famille, qu'ils soient fonctionnaires ou dans les rangs des services de sécurité. Elle est menacée et harcelée pour garder le silence d'un tel acte ignoble. Ses enfants sont venus nous voir et nous ont raconté la vérité. Ils ont demandé notre aide pour traverser cette situation critique» dira encore M. Lahlou. Comme riposte, notre interlocuteur dira que ce décès ne passera pas inaperçu. «Nous sommes en train de réfléchir à la possibilité de déposer plainte auprès de la justice» a-t-il indiqué. A propos des éléments arrêtés puis poursuivis en justice, notre interlocuteur affirme que les 47 gardes communaux concernés se trouvent actuellement à l'unité de Blida et qu'ils vont comparaître le 24 octobre prochain devant le tribunal de Bir Mourad Raïs. «Nous allons nous organiser et nous mobiliser pour éviter qu'ils soient condamnés», dira-t-il. M. Lahlou a évoqué plusieurs cas de disparition dans les rangs des gardes communaux. «Nous les avons recherchés vainement dans les hôpitaux et ils ne sont pas retournés chez eux depuis le jour de la marche», a-t-il indiqué. Notre interlocuteur a exprimé sa déception profonde quant au silence observé par des organisations humanitaires en Algérie ainsi que la classe politique qui n'ont «fait aucun commentaire sur leur situation». «Où sont passées les organisations des droits de l'homme que nous n'avons pas vues depuis le début de notre combat ? Pourquoi leurs représentants n'ont-ils pas daigné venir constater de visu la situation d'injustice dans laquelle nous nous trouvons?» s'est-il interrogé. «Ce qui nous arrive est une atteinte à l'homme et à sa dignité» dira-t-il. «Je suis aussi déçu par la classe politique algérienne qui ne se manifeste pas dans ce genre de cas alors que son intervention peut changer beaucoup de choses».