Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug Le bras de fer entre les gardes communaux et les pouvoirs publics se durcit. «Nous attendons l'arrivée de délégués retardataires de quatre wilayas pour tenir un conclave, ce soir, afin de décider de la prochaine étape de contestation», nous informait, hier, le coordinateur national des gardes communaux, Chaïb Hakim. Selon ses déclarations, un autre coup de force spectaculaire est en préparation avant le début du mois de Ramadhan (vendredi ou samedi prochains). Après l'impressionnante marche de 50 km (Blida-Alger), où des milliers de gardes communaux tentaient de rejoindre la Présidence avant de se voir bloquer par les forces de police à l'entrée de Birkhadem (sud de la capitale), comptent-ils récidiver ? Le sort réservé aux marcheurs, la machine de répression mise en branle contre les contestataires, le décès de l'un des leurs et le communiqué émanant du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, jugé «inacceptable», ont exacerbé la tension. Rencontrés lundi dernier au siège de la permanence nationale du mouvement à Blida, les coordinateurs ont dénoncé un guet-apens tendu par les services de police à l'entrée de Birkhadem pour les pousser à l'affrontement. «Nous étions venus avec un esprit pacifique. Au final, plusieurs de nos collègues ont été blessés, d'autres embarqués par la police. Mis en cellules avec leurs uniformes. Un des nôtres est mort. Il y a eu 400 arrestations et 43 sont poursuivis en justice», énumérera Chaïb Hakim. Après cet épisode, qui restera dans les annales de l'Algérie indépendante comme la plus longue marche en tenue d'un corps assimilé au service d'ordre -et même d'un corps constitué si on se réfère au décret présidentiel du 22 février 2011 portant son transfert sous la tutelle du ministère de la Défense-, la pression n'a pas baissé. Bien au contraire. Les coordinateurs dénoncent également des mesures de rétorsion et d'intimidation «après-marche» qui suscitent leurs colères. «Ils ont bloqué les salaires des gardes communaux d'Alger (près de 1 000 personnes). Les gardes communaux mobilisés subissent des pressions au niveau local. Les autorités assumeront les conséquences de telles pratiques», avertit M. Chaïb. Mais la pire des frustrations de ce corps reste le mutisme de la présidence de la République et du ministère de la Défense, sollicités par les contestataires pour répondre à leurs doléances. «On veut que le dossier soit traité par le président de la République et Ministre de la Défense», répètent-ils sans cesse. Devant ces frustrations, les gardes communaux vont certainement marcher, encore et encore. Et les services d'ordre forgés à la «Gestion démocratique des foules» vont encore réprimer. Le scénario classique se redessine. Mais il y a plus grave. Des dizaines de gardes communaux auraient déposés leurs armes et quittés leurs postes par solidarité avec les marcheurs bastonnés et pour dénoncer leurs conditions socioprofessionnelles. Ainsi, a-t-on signalé une trentaine dans la wilaya de Tizi Ouzou (détachement de la garde communale d'Aït Mahmoud, dans la daïra de Béni Douala), lundi dernier. «Ce genre d'actions est mené quotidiennement au niveau de 39 wilayas du pays y compris dans celles où le terrorisme sévit encore. Les gardes communaux sont déterminés. Ils iront au bout de leurs actions. Et personne ne nous fait peur», atteste le coordinateur national des gardes communaux. Là, il serait intéressant de voir la réaction des pouvoirs publics. Comment réprimer une renonciation ?