Finalement, le gouvernement d'union nationale tant attendu a pris forme hier à Bamako. La communauté internationale a demandé aux autorités maliennes de transition de mettre en place un gouvernement consensuel qui bénéficierait du soutien de toutes les composantes du pays dans la perspective de l'assainissement de la situation prévalant dans le Nord. Le consensus national a été mis à mal à maintes reprises par le comportement et les pratiques du pouvoir central qui opérait par l'exclusion, la marginalisation et le non-respect de ses engagements vis-à-vis notamment de la communauté targuie qui vit dans l'Azawad. Au-delà des difficultés économiques du Mali, de l'état de sous-développement qui s'aggrave avec les effets de la crise économique mondiale et les changements climatiques qui ont provoqué une sécheresse chronique dans toute la région du Sahel. La crise humanitaire qui y sévissait a été exacerbée par la crise politique du Nord qui a ouvert la voie à toutes les dérives sécuritaires, faisant de l'Azawad un sanctuaire des groupes terroristes, des islamistes en herbe qui en font un laboratoire pour leurs exégèses et un refuge de tous les trafiquants. La crise politique et sécuritaire latente depuis des années au Mali, a été accélérée par les bouleversements qui se sont opérés brutalement et anarchiquement en Libye, libérant un arsenal militaire lourd que les anciennes recrues touareg dans l'armée libyenne et les groupes islamistes et terroristes ont récupéré et acheminé vers le Sahel déjà zone de non-droit échappant à tout contrôle. L'équation est aussi simple dans son énoncé qu'elle est compliquée dans son traitement tant le passif est lourd. Les autorités maliennes ont longtemps tergiversé sur la question sécuritaire dans le Nord en refusant de s'attaquer aux premiers nids d'Aqmi qui s'y étaient établis au début des années 2000. La connexion des terroristes avec les réseaux de trafics de drogue, de cigarettes, de carburants et des armes en a fait une force qui règne en maître sur la bande sahélo-saharienne. Les interférences et manipulations étrangères ont compliqué la donne et sabordé tout effort des pays du Champ d'agir de concert pour endiguer le risque terroriste et le crime organisé. Les autorités maliennes, notamment à l'époque d'ATT, ont fait plus le jeu des puissances étrangères qu'elles n'ont privilégié les intérêts nationaux et régionaux. Le refus de Bamako de promouvoir les droits politiques, sociaux et économiques des Touareg, a poussé la situation au pourrissement. Mais la manœuvre malienne consistait à impliquer les pays du Champ dans une guerre totale dans le nord du pays, contre tous les groupes armés sans distinction aucune entre les revendications légitimes des Touareg et les fantasmes des groupes islamistes et des terroristes. Aujourd'hui, tout le Nord est une poudrière où la moindre étincelle pourrait provoquer un désastre d'autant plus que les groupes armés sont capables d'utiliser les populations civiles comme bouclier humain contre toute attaque militaire de l'armée malienne ou de la coalition de la Cédéao.La libération du nord du Mali, priorité du gouvernement d'union nationale, ne peut se réaliser militairement avant de séparer le bon grain de l'ivraie. La phase politique de la solution consiste à isoler les groupes terroristes d'Aqmi et du Mujao, à travers une négociation sérieuse avec le Mnla et Ansar Eddine. Une fois les terroriste chassés des villes et villages de l'Azawad et retranchés dans les zones désertiques, la phase militaire peut être envisagée en partenariat avec les pays du Champ conformément aux vœux des autorités maliennes. A. G.