Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada, a invité, hier, les entreprises algériennes à profiter du report de la création de la zone de libre-échange avec la Communauté européenne afin d'être compétitives d'ici à 2020. S'exprimant à l'ouverture d'une journée d'information sur le nouveau schéma du démantèlement tarifaire avec l'UE, le ministre a souligné qu'après avoir eu gain de cause, «c'est à l'entreprise algérienne de se distinguer en redoublant d'efforts dans les domaines de la production, de la gestion et du management afin, non seulement, de préserver ses parts de marché mais aussi de les développer en améliorant sa compétitivité et en mettant à son avantage les opportunités offertes par cet accord d'association». Benbada qui s'est montré satisfait de la conclusion de cet accord a indiqué que la balle est maintenant dans le camp algérien. «Nous considérons que l'objectif assigné à ces négociations a été atteint et qu'il restait maintenant à valoriser cet acquis dans les politiques sectorielles et particulièrement dans la stratégie de développement de l'entreprise algérienne», a-t-il dit, notant que «ces marges de manœuvres ne peuvent que conforter les différentes politiques de mise à niveau qu'il faut développer et soutenir, notamment pour les filières agricoles et industrielles». Evoquant les raisons de cette révision, le ministre a expliqué que l'Algérie avait entamé les négociations avec l'UE sur l'Accord d'association en 1998. Et à cette période, dit-il, l'Algérie s'est focalisée sur le volet politique, ce qui a fait que des failles et des lacunes ont surgi sur le plan économique. Par ailleurs, Benbada a assuré que cet accord constitue un précédent dans la région étant donné que c'est la première fois qu'un pays, lié par un tel accord avec l'UE, demande et obtient la révision du calendrier du démantèlement tarifaire. Le nouveau calendrier, dévoilé hier et qui entre en vigueur à partir du premier septembre prochain, touchera les produits agricoles et industriels. Pour les premiers, le compromis comprend l'annulation de 25 contingents tarifaires de produits agricoles, l'abrogation des préférences tarifaires accordées à l'UE de deux produits agroalimentaires, la réouverture de 9 contingents tarifaires préférentiels de produits agricoles et la modification de deux contingents tarifaires. Pour les produits industriels, la révision du calendrier a touché 1 058 lignes tarifaires originaires de l'UE, jugées sensibles en termes de production, d'emploi et d'investissement. Il y a lieu de rappeler que l'Algérie avait demandé en 2010 de décaler de trois années le calendrier du démantèlement tarifaire des produits importés de l'UE, afin de mieux préparer l'économie nationale et le tissu industriel à cette ouverture. Cette impréparation de l'économie n'est qu'une partie du problème puisque les pertes dues à l'entrée en vigueur de l'accord sont déjà considérables. Un déséquilibre flagrant est constaté en fait au niveau des échanges commerciaux entre les deux parties. Selon les Douanes, entre 2005 et 2011, les pays de l'UE ont exporté vers l'Algérie près de 100 milliards de dollars de biens et services, avec une moyenne annuelle de 20 mds de dollars, alors que les exportations algériennes, hors hydrocarbures, vers le marché européen, n'ont pas atteint 5 milliards sur la même période. Pour Benbada, ce «rythme du démantèlement a eu pour conséquence de consolider la part de l'UE dans le marché algérien sans pour autant aboutir à une véritable politique de partenariat qui est un des objectifs de l'accord». Une situation qualifiée par le ministre de «contrainte réelle» à l'application de certaines politiques de l'entreprise algérienne. Enfin, sur le plan fiscal, le report du démantèlement tarifaire bénéficiera au Trésor public, qui évitera une perte de 8,5 milliards de dollars d'ici 2017.