Après avoir représenté l'Algérie au festival 24h de théâtre, à El Kef, en Tunisie, le très attendu spectacle Le miroir a fait un véritable triomphe, mercredi dernier, au Théâtre national d'Alger (TNA) où il a été présenté en compétition officielle au 7e Festival national du théâtre professionnel (Fntp). Produite par le Théâtre régional de Mascara, la pièce, mise en scène par Mohamed Frimehdi et écrite par Samir Meftah, dont le texte a décroché le prix Ali Mâachi, a eu droit à une véritable standing-ovation du public agréablement surpris et séduit à coup sur. Le rideau se lève, le Dr Youssef, superbement interprété par Slimane Ben Ouari, vient de reprendre son travail après une dure dépression. Il est psychiatre dans un asile. Epaulé par son collègue, interprété par le talentueux Fethi Kafi, le Dr Youssef ne semble pas tout à fait remis. Sur scène, un immense Rubixcube qui s'ouvre laissant s'échapper une bulle où sont enfermés deux patients. Yahia (Abdelkader Djeriou) et Saïd (Faouzi Ben Brahim) sont deux personnages qui ne partagent pas la même vision des choses. Saïd se dit extralucide et détenteur de la vérité absolue, une vérité révélée par un miroir. Refusant toute idée préconçue, Saïd remet tout en question, avec des arguments d'une sagesse troublante. Yahia refuse de suivre Saïd dans ses délires et préfère vivre au jour le jour, sans s'encombrer des fardeaux du monde, comme il le répète souvent. Mais, même si tout sépare ces deux hommes, dont les visions divergent, les deux se disent cependant prophètes du changement. Ils sont d'accord sur un point : il faut que le monde change. Tant de cruauté de la part de l'homme et tant d'actions irrationnelles, mais qui se sont banalisées avec le temps, sont un état de fait intolérable et inacceptable. Face à tant de lucidité et de sagesse de la part de ces deux aliénés, le Dr Youssef se laisse envahir par un profond doute sur sa manière de voir le monde. Voulant comprendre à tout prix, il se rapproche alors de ses deux patients avec la ferme intention de se voir dans le miroir de la vérité absolue, celui qui a révélé à deux fous tout ce qu'ils savent. Face au miroir, le psychiatre ne tarde pas à rejoindre les deux fous et s'autoproclame prophète du temps, car seul le temps est susceptible de faire changer les choses, réécrire l'histoire et soulager les peines. Pris au piège de ses deux patients, le médecin plonge dans un délire schizophrénique jusqu'au moment où son collègue lui apprend que Yahia et Saïd n'existent pas. Ce sont deux personnages fictifs, aux pensées contradictoires, nés de l'imagination schizophrène du psychiatre. Son désir ardent de changement a fini par devenir un délire qui le mène doucement vers cette douce folie dans laquelle se réfugie parfois l'homme, pour tenter de se réconcilier avec lui-même, se comprendre et trouver cette paix intérieure qui, souvent, rompt les ponts et les liens avec ces réalités, ces vérités, ces croyances et ces certitudes qu'on ne supporte plus. La pièce porte bien son titre. Elle est le miroir dans lequel l'homme se découvre et découvre la complexité de l'être humain. Elle parle de cette difficulté de séparer le rationnel de l'irrationnel, le vrai du faux, le bien du mal dans ce monde de fous, qui est le nôtre. Le miroir est une œuvre qui propose une nouvelle approche théâtrale, un théâtre contemporain qui pousse à la réflexion et qui s'aventure sur des terrains non encore explorés chez nous, que cela soit sur le plan de la mise en scène ou sur celui de la scénographie. Avec une excellente interprétation du quatuor et une scénographie innovante et originale, signée par Abdellah Kebiri, Le miroir s'est distingué. Mieux, la pièce a hissé très haut la barre de la compétition. Le public l'a d'ailleurs élue avec une avalanche d'applaudissements et une standing-ovation. Un public qui, pour une fois, signalons-le, n'a pas décroché et s'est montré attentif jusqu'à la fin de la représentation. Le miroir s'est imposé, même si on n'est encore qu'au milieu de la compétition, comme la favorite du public et des professionnels, bravo ! W. S.
Le Cadavre encerclé de Kateb Yacine sur les planches à Alger Adapté à la scène par la compagnie théâtrale française Crearc de Grenoble en collaboration avec le Théâtre de la Colline de Tizi Ouzou, le texte théâtral le Cadavre encerclé de l'écrivain et dramaturge algérien Kateb Yacine, a été présenté au public algérois en marge du 7e Festival national du théâtre professionnel d'Alger. Mis en scène par Romano Garnier, le texte raconte les manifestations du 8 mai 1945 vécu par Kateb Yacine. Interprétée en français et arabe par des comédiens algériens et français, la pièce de 55 minutes a eu un écho favorable en France lors de sa présentation en février dernier. Romano Garnier a salué, dans une déclaration à l'APS, la collaboration entre les comédiens algériens et leurs confrères de Grenoble qu'il a qualifiée de «très fructueuse». Le comédien français Benjamin Tournier qui a campé le personnage de Mustapha, un enfant de la génération de la Révolution, a indiqué que «l'œuvre présentée à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'Indépendance nationale, traite d'un thème difficile». Pour sa part, le comédien Bouchbah s'est dit heureux de jouer le rôle du personnage Lakhdar, un révolutionnaire par la voix duquel Kateb Yacine parle de cette journée du 8 mai 1945. En marge de la compétition, des représentations théâtrales présentées par des troupes nationales et étrangères sont prévues à Alger, Tlemcen, Tizi Ouzou, Médéa, Annaba, Maghnia et Koléa.
Publication des actes du séminaire scientifique du 3e Fita Les actes du séminaire scientifique organisé à Béjaïa du 25 au 27 octobre 2011, en marge de la 3e édition du Festival international du théâtre d'Alger (Fita) viennent d'être publiés. L'ouvrage de 280 pages intitulé Expériences théâtrales : parcours et empreintes comprend les interventions et les événements importants du séminaire animé par des dramaturges et des critiques algériens et arabes ainsi que les activités qui ont marqué l'édition de Béjaïa qui s'est tenue du 20 au 30 octobre dernier. La publication évoque la polémique engagée entre les praticiens du 4e art et ses théoriciens autour du théâtre arabe. Dans le chapitre Expériences théâtrales nationales et arabes, un intervenant jordanien, Mansour Amayra, a évoqué l'expérience du défunt Abdelkader Alloula dans le théâtre narratif et de Taoufik Hakim et Youcef Idris dans le théâtre populaire. L'ouvrage présente en conclusion les recommandations du séminaire axées notamment sur l'importance de la recherche scientifique dans le théâtre arabe et la nécessité d'encourager la coopération entre les jeunes chercheurs en matière d'études théâtrales.