Le tram, plein comme un œuf en ce début d'après-midi, a mis à peine dix minutes du terminus, sur la place des Fusillés, à la station de la Foire. Là, à la descente, il suffira de suivre le mouvement. Les personnes qui descendent de la rame vont toutes, ou presque, dans la même direction. Les quelques bribes de discussions volées ça et là tournent toutes autour du Salon du livre. Nul besoin de demander où il se tient. Comme la Piaf, on se laisse porter par la foule jusqu'au pavillon central, le cœur battant de ce 7e Salon international du livre d'Alger (Sila 2012). Une fouille sommaire du sac-à-dos à l'entrée, passage sous le portique de contrôle, et nous voilà dans la place. Pas le moindre plan des lieux et de la distribution des espaces qui permettrait au visiteur de savoir qui se trouve où. Il faut donc y aller au petit bonheur la chance. Nous optons pour l'allée centrale. Au beau milieu, trônent les stands des «majors» de l'édition, qui constituent le premier carré. Ils ont pris des stands plus vastes qui leur permettent de mieux mettre en valeur aussi bien leurs nouveautés que le reste de leur production. Le deuxième carré rassemble des maisons d'édition étrangères, européennes particulièrement, et des maisons d'édition nationales qui sont trop actives et productives pour être marginalisées, mais pas assez lourdes pour figurer dans le premier cercle.Dans ce carré, nous retrouvons le stand d'Apic. Samia Zenadi et son équipe ont fait de ce petit coin tapissé de roseau un bout d'Afrique noire. Les jeunes auteurs africains ont bonne place dans le stand de cette maison d'édition, qui a pris le pari de la promotion de la jeune littérature africaine. A côté, Média-Plus est revenu cette année au Sila avec pas moins de onze nouveaux ouvrages, dont sept dédiés à l'histoire. Le responsable de cette maison d'édition, Yacine Hannachi, qui est aussi libraire, nous dira que sa participation est pour le Cinquantenaire, d'où le nombre de livres historiques qu'il a édité et d'autres qui le seront prochainement. Dans le dernier carré sont rassemblées les maisons d'édition spécialisées dans le livre religieux, parascolaire et autres publications didactiques ou productions distractives. Il y a même des jouets, qui trouvent clients, comme d'ailleurs tous les stands.Au Sila, il y en a pour tous les goûts, tous les âges, mais pas toutes les bourses. On trouve, certes, des prix à deux zéros, mais principalement pour des rééditions, des surstocks ou des petits livres. Mais comme une grande partie des visiteurs vient pour le livre religieux et parascolaire, une autre partie pour voir et, peut être, s'il y a une occasion…, le Salon fait le plein, qu'il fasse beau ou qu'il pleuve. Toutefois, quand il fait beau, comme lors de notre passage lundi dernier, les pavillons se transforment en véritables saunas. Aucune climatisation. Pourquoi débourser plus en branchant la climatisation quand le public accepte ces conditions et vient en force ? Evidemment, les organisateurs auraient pu faire preuve d'un peu plus de professionnalisme, car les commodités et le bien-être, des exposants comme des visiteurs, font partie de leurs missions. Ce même professionnalisme est à convoquer dans la distribution des espaces. En l'absence d'un plan du Salon, c'est en sortant du pavillon central par la porte donnant sur l'entrée principale de la foire qu'on découvrira les deux autres pavillons qui lui sont dédiés et qui sont signalés par le logo du Sila sur leurs frontons. Ces deux pavillons apparaissent comme des annexes du Salon qui semble concentré dans le pavillon central. On y trouve des maisons d'édition orientales et algériennes qui présentent différents ouvrages allant du religieux au livre culinaire en passant par le parascolaire, le roman classique et les contes.Interrogés, de nombreux exposants diront que l'organisation connaît des lacunes qui tardent à être comblées. Cette édition a ajouté à la liste des désagréments - qui peut aisément être réduite à zéro-, l'éloignement des salles de conférences. «J'ai dû marcher et demander mon chemin plusieurs fois pour trouver l'endroit. Pourquoi choisir une salle éloignée alors qu'on aurait pu organiser les conférences sur place ?», dira un éditeur qui a participé à une conférence.Au final, il s'avère que le Salon international du livre d'Alger en est encore, à sa 7e édition, à la quantité qui étouffe la qualité pourtant présente et ne demandant qu'à briller.