Photo : M. Hacène Par Faouzia Ababsa L'Assemblée populaire nationale a adopté, hier, en séance plénière et à la majorité, le plan d'action du gouvernement, présenté le 25 septembre par le Premier ministre. Cette feuille de route a reçu le soutien du FLN, du RND, des indépendants et des députés ayant rejoint le parti de Amar Ghoul, le TAJ. Le groupe parlementaire du MSP, lui, et comme il fallait s'y attendre compte tenu des interventions de ses élus, a opposé une fin de non recevoir au plan de l'exécutif. Il est suivi par les élus du parti de Djaballah, le Front pour la justice et le développement. Tandis que le Front des forces socialistes et le Parti des travailleurs se sont abstenus. La formation politique de Mme Hanoune a expliqué son vote par le fait que si le plan d'action contenait quelques mesures positives qu'elle ne saurait ignorer, il n'en demeurait pas moins qu'il était entaché de contradictions et de problèmes. Auparavant, et pendant une heure de temps, le Premier ministre a tenté d'apporter des réponses aux questionnements des élus. Réponses jugées en deçà des attentes de l'opposition, en ce sens qu'elle a considéré qu'il a été évasif sur l'essentiel et notamment sur les questions politiques. Le Premier ministre avait indiqué que le processus de la réconciliation nationale sera mené à son terme en termes d'indemnisation et non en termes de prise en charge politique. Par exemple, il ne donnera aucune indication sur la problématique de l'amalgame entretenu entre les disparus et les terroristes. Il a certes affirmé que tous les dossiers seront traités, mais financièrement. «L'Etat ne sera plus redevable à personne ni financièrement ni historiquement.» Puis dans un lien qu'il a établi, et dont personne n'a compris la portée, M. Sellal s'est retrouvé en train de défendre les héros de la révolution. «Quoi qu'ils aient fait, ils restent des héros de la révolution», lancera-t-il en citant Abane Ramdane, Amirouche et Ben Boulaïd. S'agissant de la gouvernance, le Premier ministre a reconnu l'existence de carences dont il dira qu'il faudra y remédier, mais qu'il fallait attendre que les lois adoptées dans le cadre des réformes politiques fassent leurs preuves. «On ne peut pas changer les lois chaque année», dira-t-il. Comme pour signifier, peut-être de manière indirecte, que mêmes les propositions de lois émanant des élus du peuple dans ce cadre ne seraient pas les bienvenues. Abordant les prochaines élections, il s'est voulu rassurant en disant que les erreurs du passé ne se reproduiront plus. Il citera l'exemple des doubles inscriptions des corps constitués. «Ils voteront tous sur leurs lieux de résidence, le cas échéant il pourront délivrer des procurations. Mais je ne veux pas que l'on porte atteinte à la réputation de l'armée.» Le chômage n'a pas été en reste dans les réponses de Abdelmalek Sellal. Pour lui, les statistiques de l'ONS sont infaillibles. Lequel office a établi le taux de chômage à 9%. Un taux controversé et remis en cause, comme beaucoup d'autres chiffres, par les économistes, y compris par le nouveau secrétaire d'Etat à la Prospective et aux Statistiques. La corruption, qui s'est taillée la part du lion dans les débats pendant quatre jours «est en train d'être combattue», selon M. Sellal. Il en veut pour preuve, les affaires traitées. En 2011, 78 affaires ont été traitées et ont vu la condamnation de 2 209 personnes. Au premier semestre de l'année en cours, toujours selon les chiffres donnés par le Premier ministre, ce ne sont pas moins de 510 affaires qui ont été jugées et 712 personnes condamnées. Pour le gouvernement, cela prouve la célérité de la justice dans la lutte contre la corruption. Pour d'autres, cela démontre que le phénomène de la corruption est en hausse. C'est selon que l'on se trouve d'un côté ou de l'autre de la barrière. Le coordonnateur de l'exécutif a également indiqué dans ce sens que l'Office de lutte contre la corruption a été renforcé en moyens qui lui manquaient. Le Premier ministre a abordé la question des jeunes en disant, «Il faut les laisser respirer. Là où ils vont, ils sont éconduits. D'un côté on leur dit la yadjouz et d'un autre on les réprime», en égratignant, d'une part, les services de sécurité et en s'attaquant, d'autre part, aux islamistes. Sur un autre plan, il reviendra sur le front national, sur lequel il indiquera que la cohésion nationale est plus que nécessaire et fondamentale pour sortir l'Algérie de l'instabilité. «N'oubliez pas ce que nous avons enduré durant les années 90. C'était justement en raison de l'absence de stabilité économique et sociale.» A propos des diplomates algériens retenus en otage dans le nord du Mali, M. Sellal répètera qu'il ne peut pas faire de déclaration à ce sujet pour préserver leur vie. Il assurera aux députés que le gouvernement algérien suit quotidiennement cette affaire. «Nous vivons des moments difficiles sur le plan géostratégique. Et l'Algérie n'a pas d'autre but que de voir la région retrouver la stabilité.» F. A.
M. Charfi : «La détention préventive ne dépasse pas les 35%» Coup de théâtre hier pour les journalistes chargés de la couverture des réponses du Premier ministre aux députés qui ont débattu du plan d'action du gouvernement quatre jours durant. En marge de la séance plénière et interrogé sur le recours abusif à la détention préventive par les magistrats, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a indiqué qu'elle ne dépassait pas les 35%. Un démenti catégorique aux statistiques données jusque-là par son prédécesseur, Tayeb Belaïz et au président du syndicat national des magistrats. A propos de la dépénalisation de l'acte de gestion, M. Charfi n'a pas exclu la révision des textes tout en précisant que «le gestionnaire doit être à la fois responsabilisé et sécurisé. Il faut distinguer entre l'acte de gestion et la prise de risque légitime et nécessaire». Et d'ajouter : «L'Entreprise algérienne doit être performante et animée par des gestionnaires audacieux et l'audace fait parfois prendre des risques. Aux magistrats de mesurer la part du risque et la part de la négligence.»