Le président Barack Obama devait rencontrer, hier, les chefs de file du Congrès pour tenter d'éviter in extremis une cure d'austérité radicale aux Etats-Unis en ce début 2013. Faute d'accord avant le 1er janvier, ce sont 600 milliards de dollars de coupe budgétaire et de hausse d'impôts qui s'appliqueront automatiquement. Sur fond de pessimisme quant à la perspective d'un accord avec ses adversaires républicains, majoritaires au Congrès, le président américain, Barack Obama, est revenu, jeudi à Washington, à cinq jours de l'échéance du «mur budgétaire», sans perspective évidente d'épargner aux Américains une austérité sans précédent. Au cœur de ce débat houleux se trouve, en effet, la question d'un rééquilibrage des comptes publics, après quatre exercices où le déficit a dépassé les 1 000 milliards de dollars, soit jusqu'à 10% du budget. Les négociations avec les élus républicains sont toujours au point mort. Le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a affirmé, mercredi, que c'était au Sénat, contrôlé par les alliés de M. Obama, de faire le prochain pas en se prononçant sur des textes budgétaires déjà adoptés par la Chambre. Pour leur part, les démocrates ne semblent pas être disposés à faire aucune concession. Leur chef de file au Sénat, Harry Reid, a fait peser sur M. Boehner la responsabilité de l'impasse et dit son pessimisme sur la perspective d'un accord. Les membres du Congrès sont convoqués dimanche soir pour reprendre leurs débats sur les «affaires législatives», sans plus de précisions dans l'immédiat. M.Obama a, pour sa part, déjà rejeté les propositions républicaines, estimant qu'elles sont déséquilibrées car elles ne demandent pas suffisamment d'efforts aux contribuables les plus aisés et tentent de réduire les déficits en s'attaquant surtout aux dépenses. Le président américain veut que ce rééquilibrage s'effectue notamment en augmentant le taux d'imposition des foyers aux revenus supérieurs à 250 000 dollars tout en prolongeant les allègements fiscaux hérités de la présidence de son prédécesseur, George W. Bush, pour 98% des contribuables. Si les deux parties échouent à trouver un compromis, les impôts de tous les Américains augmenteront, à partir du 1er janvier, de 2 200 dollars en moyenne par foyer fiscal, selon la Maison-Blanche. En outre, au même moment sont censées entrer en vigueur des coupes drastiques, notamment dans le budget de la défense, provision héritée d'un accord entre démocrates et républicains en 2011. Cette rigueur annoncée risque de faire replonger la première économie mondiale dans la récession, avertissent de nombreux économistes. Alors que les négociations piétinent depuis des semaines, le moral des ménages américains a fortement chuté pour le deuxième mois consécutif, selon un indice publié jeudi. A cette situation est venue s'ajouter, mercredi, la perspective d'une nouvelle empoignade sur le relèvement du plafond de la dette, une procédure qui avait déjà mis les Etats-Unis au bord du défaut de paiement pendant l'été 2011 en raison de l'insistance des républicains à compenser ce relèvement par des coupes dans les dépenses. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a prévenu que ce plafond serait atteint lundi et que des «mesures exceptionnelles» seraient «bientôt» prises pour éviter un défaut de paiement. La réunion d'Obama avec ses adversaires n'est certainement pas une partie de plaisir. Les deux clans insistent, cependant, sur le maintien du dialogue. Parviendra-t-on à éviter, aux Américains, un rude début d'année ? Rien n'est moins sur.