Photo : Riad Par Mohamed Touileb Le peuple respire le football. Une évidence qui saute aux yeux avec ces jeunes qui s'improvisent des terrains de jeu dans chaque recoin vide. Des jeunes assoiffés de balle ronde qui les aide à s'évader, les fait rêver. Des rêves qui commencent dans la rue pour certains devant une dizaine de personnes qui s'intéressent à des «empoignades de street» organisées à la va-vite, sur un coup de tête. L'esprit amical est au rendez-vous. Celui de la compétition ? Rarement. Nos jeunes, jouent, courent, rigolent, s'amusent mais aimeraient bien que l'on s'intéresse à eux, à ce qu'ils font sur des pelouses de matico (surface de laquelle la plupart des terrains de proximités sont faits quand ce n'est pas du béton coloré). Une carence de «mini-théâtres» de football qui drainent les amoureux du jeu à onze, qui se transforme en «jeu à six» dans ces petits terrains aux dimensions du terrain de handball. Dans un cadre mieux organisé et plus intéressant, des associations de quartiers tentent d'organiser des tournois événementiels, par exemple durant le mois sacré du Ramadhan, les jubilés ou en mémoire à un voisin ou ami disparu. Mais ils sont rares. Pas assez pour aider nos jeunes à faire valoir leurs talents en public et pourquoi pas taper dans l'œil d'un dirigeant ou d'un entraîneur ou, tout simplement, comme cela se faisait dans un passé récent, d'un «recruteur» de catégories jeunes qui pourrait leur donner la chance de s'exprimer ou s'épanouir en club. Seulement, la part du lion ne revient jamais aux enfants quand il s'agit d'organiser ces tournois urbains. C'est les catégories séniors et vétérans qui «chipent» ces lieux de défoulement de nos jeunes, qui se voient obligés de se débrouiller comme ils peuvent lors de cette période qu'ils redoutent tant. Pour eux il ne suffit pas de voir mais de jouer. Jouer, mais où ? L'unique terrain du quartier devient le monopole des organisateurs de tournois durant une quinzaine de jours que constituent les vacances d'hiver. La détresse, le vide et la frustration deviennent le quotidien des enfants, en manque d'endroits pour loisirs. Leur chagrin, ils le noient devant leur console de jeu (pour ceux qui en ont) ou en attendant ces deux heures de sport hebdomadaires, à l'école, pour ceux qui ne pratiquent pas une activité sportive régulière avec un club.
A qui la faute ? La vie sportive d'un jeune peut donc basculer vers un désintéressement pour la pratique du sport en raison de ce manque manifeste des terrains. Entre salles de jeux et cybercafés, une vie de sédentaire, c'est ce qui reste à l'enfant, ce qui ne favorise pas la dépense physique ô combien importante pour son épanouissement. Un enfant, c'est fait pour jouer, courir, se dépenser à longueur de journée, sans retenue. Hélas, et comme si ça ne suffisait pas, les plus âgés les privent de loisirs sans qu'ils s'en rendent compte. Une mise à l'écart involontaire et un piège dans lequel même les chargés de l'organisation des tournois tombent souvent. Ces petites joutes de quartier sont donc organisées par des associations sportives, caritatives ou le comité du quartier avec l'aide de l'APC concernée. Trouver un terrain pour abriter ce genre d'évènements est un sacré défi. Si les participants se ruent pour s'inscrire pour la circonstance, qui est devenue de nos jours un luxe pour les quartiers qui organisent ce type de tournoi, parce que cela est devenue la seule et unique occasion donc pour les jeunes de s'exprimer dans un cadre purement compétitif, rare au vu de cette carence au niveau infrastructurel ou de l'oubli dont ils souffrent, puisque les organisateurs préfèrent encadrer les jeunes ayant dépassé la vingtaine afin d'éviter le casse-tête et la désorganisation que peuvent causer les petits enfants. Ainsi donc, voir des petits courir derrière un ballon est devenu une image rare ces dernières années. Les priorités et les loisirs semblent avoir changés en raison, on ne le répètera jamais assez, de l'indisponibilité de ces aires de jeu. Et c'est le sport de base qui en prend un sérieux coup.
Parfois la perle se trouve dans le quartier Combien de joueurs ont fait parler leur talent dans leur quartier avant de le forger dans leurs clubs ? Combien de stars du football ont été et sont toujours détectées par les superviseurs lors d'un tournoi ? Nombreux certes, mais avec le nombre de terrains de proximités qui est largement en deçà des besoins, vue l'engouement et la popularité que le football connaît chez nos jeunes, on peut craindre que la flamme de la passion ne s'éteignent à jamais pour ne jamais être ravivée. Plus on joue au foot plus on aime. Le sport est capricieux tout comme ces enfants qui ne demandent que de vrais espaces rectangulaires, peu importe leurs dimensions, afin de s'exprimer et convaincre les spectateurs présents lors des tournois de leur talent indéniable. Qui sait ? Entre les présents, il y aurait peut-être quelqu'un qui changera leur vie, leur avenir pour une vie meilleure et les aidera à accomplir un rêve qui a commencé un jour dans leur quartier. Dans sa nouvelle politique sportive, le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), à sa tête le ministre, Mohamed Tahmi, a décidé d'insuffler un nouvel air pour le sport de base et de mener une politique de développement du sport sur des piliers solides. Avec de nouvelles infrastructures pour le sport d'élite mais aussi des centres de formation pour une meilleure formation de jeunes talents, doter les cités de terrains de proximité devient donc une nécessité, voire une urgence, afin d'encourager nos jeunes à la pratique du sport pour une vie sociale meilleure. Le sport a souvent évité à cette tranche d'âge de sombrer dans la délinquance, la drogue et les autres fléaux sociaux. L'heure et aux actes, et les jeunes en ont assez des promesses non tenues parce qu'entre-temps un énorme potentiel a été gâché durant ces dernières années. Les graines de champions, ce n'est pas ce qui manque en Algérie.