Décrété il y a de cela deux années, l'avenir du professionnalisme s'écrit pour l'heure en pointillés. Un avenir incertain, des clubs surendettés et un processus à revoir. Trente-deux clubs sont passés, depuis l'été 2010, du statut d'amateur à celui de professionnel. C'est le seul changement même si les efforts de l'Etat, représenté par le MJS, et ceux de la plus haute instance du football, la FAF, sont considérables, l'aspect professionnel peine à se faire une place. Le constat est alarmant. Le retard qu'accuse cette opération de professionnalisation est évident. Des clubs déficitaires à coup de milliards pour cause de recettes largement inférieures aux dépenses. Tous les indices indiquent que la formule devrait être revue pour arranger ce qui ne va pas. Le spectre de la faillite rode de plus en plus sur les Sociétés sportives par actions (Sspa), qui représentent les clubs professionnels. La situation financière est (très) critique, notamment depuis le début de cet exercice. Etonnement, personne ne songe à mettre la clé sous le paillasson. Avec cette clé, on arnaque, on détourne de l'argent et on ferme les portes devant la compétence, empêchée par divers subterfuges de se mettre au service de cette bonne volonté d'aider la balle ronde algérienne à entrer dans une nouvelle dimension, surtout dans son volet gestion. L'homme fort de la FAF, Mohamed Raouraoua, a eu son mot à dire dernièrement, en montant au créneau à l'occasion de la conférence de presse qu'il a animée au Centre technique national (CTN) : «Les ressources humaines qui ont géré le football amateur ne pourront jamais s'accoutumer avec le football professionnel», ajoutant, au passage, qu' «il faudrait réfléchir à l'actionnariat des supporters par exemple». Une belle suggestion, et une déclaration à travers laquelle il déplore l'incompétence de certains «chairmen» de clubs qui, de par leur irresponsabilité, bloquent la venue d'investisseurs qui montrent leur intérêt à prendre le relai pour cette course contre la montre. Une course qu'on pourrait même qualifier de sprint, puisque trouver des solutions et de nouveaux ingrédients pour une mayonnaise qui tarde prendre, ne sera pas de plus aisés. De nouvelles mesures ont été prises du côté de la FAF, avec l'élaboration d'un nouveau cahier des charges prenant en considération la situation actuelle du football algérien, et qui stipule que tout «patron de club professionnel est mis dans l'obligation d'ouvrir le capital de la société qu'il dirige, sous peine de sanctions à l'encontre de tout responsable qui tentera de bloquer un éventuel organe qui décide d'investir dans le club en question». Or, M. Raouraoua à aussi condamné le fait qu'une Sspa soit créée avec un million de dinars en accordant les 3/4 des actions au Club sportif amateur (CSA). Un détail important n'ayant donc pas échappé à cet homme, qui tente d'insuffler un nouveau souffle au jeu à onze. Une démarche tout à fait légale, si l'on se réfère au Code de commerce, mais qui reste démesurée pour un club de football où des sommes astronomiques et des transactions, estimées à des dizaines de milliards de centimes, se font durant l'exercice pour aggraver un peu plus la situation financière de l'entreprise sportive, plus que jamais dans le rouge. Une chose est certaine, si les dispositions du Code de commerce venaient à être appliquées, tous nos clubs, déjà en situation de banqueroute, devraient naturellement déclarer faillite. Le sport roi a plus que jamais besoin de fidèles serviteurs pour sauver un royaume richement pauvre.