Les rebelles de la coalition du Séléka, en République centrafricaine, ont finalement répondu favorablement à l'offre de dialogue avec le régime de Bangui, sous la médiation gabonaise. Ils ont annoncé hier la suspension de leur action militaire alors qu'ils sont aux portes de la capitale, où plusieurs pays de la région ont dépêché quelques dizaines de soldats pour sécuriser Bangui et éviter une chute brutale du président centrafricain François Bozizé. Les discussions de Libreville pourraient débuter le 10 janvier, a affirmé une source diplomatique. «J'ai demandé à nos forces de ne pas bouger de leurs positions à partir d'aujourd'hui parce que nous voulons participer aux discussions de Libreville pour trouver une solution politique», a déclaré Eric Massi, porte-parole du mouvement, joint par téléphone à Paris, cité par Reuters. Le chef de l'Etat centrafricain avait proposé cette semaine de procéder à la création d'un gouvernement de coalition, acceptant également d'ouvrir des discussions de paix sans poser le moindre préalable. La décision des rebelles de suspendre leur lutte armée a été accueillie avec beaucoup de joie et de soulagement de la part de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (Ceeac), qui a déployé d'importants efforts pour mettre fin à cette crise politico-militaire, en cours depuis le 10 décembre 2010. Mais cette joie risque d'être de courte durée et les rebelles pourraient reprendre les armes à n'importe quel moment. Car, il semblerait que des membres de la coalition Séléka sont déterminés à l'évincer du pouvoir, que ce soit avec les armes ou par la voie diplomatique. «Je suis en discussion avec nos partenaires pour avancer des propositions afin de mettre fin à la crise, mais une solution pourrait être une transition politique dont le président (François Bozizé) serait exclu», a-t-il ajouté. Il n'est donc pas évident que le président centrafricain accepte une telle condition, même si actuellement il ne bénéficie que du soutien officiel de la Ceeac, qui demeure toutefois insuffisant pour le maintenir au pouvoir pour trop longtemps en cas d'échec de cette nouvelle médiation gabonaise. Les pays occidentaux, comme les Etats-Unis et l'ancien colonisateur du pays, la France, ont dit non à l'appel à l'aide du président François Bozizé, qui leur demandait d'intervenir militairement pour mettre fin à la rébellion du Séléka, qui a réussi en l'espace de trois semaines à prendre le contrôle de plusieurs villes clés du nord et du centre du pays. Les forces régulières n'ont opposé aucune résistance à l'avancée des rebelles. Appuyées par quelques soldats de la force d'interposition tchadienne, les troupes régulières se sont repositionnées au niveau de Damara, considérée comme la dernière ville et ultime verrou pour atteindre Bangui. Pour rappel, la Ceeac dispose aussi d'une force de maintien de la paix en Centrafrique, dont l'effectif est estimé à 5 000 soldats. Cette organisation, dont fait partie la Centrafrique, regroupe le Tchad, la République du Congo, le Gabon et le Cameroun. A noter que les rebelles Séléka ont pris les armes pour demander le respect des accords de paix signés entre 2007 et 2011. L. M.