Il a fallu deux morts à Blida, au début du mois et une psychose chez les citoyens, pour que les autorités sanitaires du pays réagissent à l'apparition de cas de méningite. Contacté par l'APS, le conseiller chargé de la communication au ministère de la Santé, Slim Belkessam, a déclaré, hier, que la situation «n'est pas épidémique», précisant que les cas de méningite enregistrée, récemment, dans certaines régions du pays, «sont isolés et ne constituent pas une source d'inquiétude». Il a rassuré qu'il s'agit «d'une situation très normale» et que des cas pareils sont enregistrés chaque année, ajoutant que la situation n'est pas «grave et que ces cas ne sont pas source d'inquiétude». A une question sur les cas de méningite enregistrée dans une clinique privée à Blida et à la commune de Ras El Aïn (M'Sila), le même responsable a indiqué que les cas de Blida «sont dus à la mauvaise stérilisation du matériel médical» alors que les cas enregistrés à M'Sila sont «d'origine bactérienne». Ce sont, à en croire le représentant du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière «des cas isolés, vite maitrisés, sans aucune contagion». Les autorités locales ont, selon lui, «pris toutes les mesures nécessaires» pour éviter la contamination, rappelant que l'Algérie n'a enregistré aucun cas endémique de cette maladie depuis des années. Un avis que partage, par ailleurs, un spécialiste en pédiatrie, interrogé par l'agence officielle. Selon le Pr Jean-Paul Grango, les cas de contamination par la méningite ont enregistré «un net recul», en Algérie, depuis l'introduction, en 2007, de la vaccination contre Haemophilus influenze, dans le cadre du calendrier national de vaccination. Le Professeur a indiqué que «les enfants de 3 ; 4 et 5 mois se font vacciner contre Haemophilus influenze et une dose de rappel est prévue au cours de leurs deux premières années». L'apparition, de temps à autre, de certains cas de contamination par la méningite «est chose ordinaire», a-t-il indiqué, rappelant les années 1990 où cette maladie avait touché plusieurs wilayas. «Une bonne maîtrise de la situation a empêché, depuis, l'apparition d'autres cas», a-t-il ajouté. Il faut savoir qu'il existe deux types de méningite : bactérienne et virale, qui sont, parfois, mortelles. Le Pr Grango a souligné, dans ce contexte, la nécessité d'introduire le vaccin anti-pneumocoque pour les enfants et personnes âgées pour réduire le risque de contamination par la méningite à pneumocoques. Enfin, il a appelé à doter les laboratoires de moyens nécessaires à même de faire les analyses permettant de détecter la contamination par la méningite, conformément aux normes internationales en vigueur. Il reste que le meilleur moyen de prévention est la régularité et la persévérance dans l'entretien du matériel médical et opératoire, recommande le Dr Merabet, président du Syndicat des praticiens de santé publique. Le Dr Mohamed Yousfi, en sa qualité de président du Syndicat des praticiens spécialistes de santé publique, se veut plus critique. Chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital de Boufarik, le Dr Yousfi est loin d'être optimiste quant à l'évolution de la situation. Selon lui, le nombre de cas de méningite dans cette wilaya, peut-être même ailleurs, pourrait connaitre une hausse dans les prochains jours, du fait du nombre important de malades qui se sont fait opérer dans cette clinique privée. «Le nombre peut augmenter d'un jour à l'autre. J'appelle toutes les personnes qui se sont fait opérer dans cette clinique, particulièrement durant le mois de décembre dernier, à se présenter au service des maladies infectieuses de l'hôpital de Boufarik, sinon au centre infectieux le plus proche de leur domicile», a-t-il demandé. Un appel qui concerne également les proches des malades. Y. D.