Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
La problématique des commodités qui cause aujourd'hui bien du souci à ceux qui ont en charge l'administration et la gestion des différentes cités, trouve son origine dans une planification qui ne les avait pas pris en ligne de compte et qui tente, après qu'on ait fait le constat du déficit, à postériori, de s'adapter non sans provoquer des réticences et parfois même des manifestations. En effet, plusieurs cités de la ville d'Annaba qu'on avait construites dans l'urgence pour répondre au plus vite aux demandes croissantes de logements, avaient été livrées parfois sans aménagements extérieurs et même, dans certains cas, sans avoir été raccordées au réseau de gaz naturel. Pas de dispensaire, pas de marché de proximité, pas d'école primaire, pas d'antenne administrative pour l'état-civil, pas d'aires de jeu pour les enfants… S'ajoute à cette absence d'infrastructures d'accompagnement, l'inexistence de mobilier urbain, d'éclairage public, et de bacs à ordures qu'on a «oubliée» de mettre en place. Au fil des ans, la situation s'améliore plus ou moins. On pare au plus urgent en construisant les écoles qui épargnent aux parents et aux enfants de parcourir des kilomètres pour rejoindre les salles de classe, le ramassage scolaire n'étant pas prévu. Quant aux services de l'état-civil, ils sont toujours rassemblés au siège de la mairie centrale, ce qui fait que cette structure est submergée chaque jour par des milliers de citoyens venus des différentes cités et quartiers pour se faire délivrer des documents exigés pour la constitution du moindre dossier demandé par des administrations ou des employeurs. Cette centralisation est à l'origine de désagréments aussi bien pour les citoyens que pour les employés. Ces derniers, submergés, ont du mal à satisfaire la demande alors que certains citoyens usent de passe-droit pour passer en priorité et retirer les documents dont ils ont besoin avant tout le monde, souvent au vu et au su de tous les présents. Cette situation provoque des tensions et donne souvent lieu à des altercations et des disputes de citoyens entre eux pour ces traitements de faveur et avec les employés, ce qui amène l'intervention des agents de sécurité et des policiers. L'ouverture de nouvelles antennes de l'Etat-civil dans les quartiers périphériques et dans les cités a relativement résolu les problèmes puisque chaque circonscription dispose, désormais, de cette structure qui délivre tous les documents d'état-civil sans devoir passer des heures dans les files d'attente tentaculaires qui se formaient bien avant l'ouverture des services au siège de la mairie. Cependant, les salles de soins ou services des urgences restent, malgré tout, éloignés comme c'est le cas dans les localités de Sidi Salem, la cité Seybouse ou encore la Caroube où les habitants, après la fermeture des dispensaires, sont obligés de se déplacer sur des kilomètres pour pouvoir bénéficier de soins. Que ce soit pour un bénin accident domestique, de douleurs survenues le soir ou une véritable urgence, il faudra se déplacer pour se faire soigner. Quant à la gestion et le ramassage des ordures, il suffirait de voir les amoncellements d'ordures ménagères qui font, désormais, partie du décor pour comprendre que l'absence d'hygiène et les risques de maladies qui en découlent n'inquiètent plus personne ; des tas de restes de toutes sortes, des bouteilles en plastique, des cannettes d' aluminium, des sachets, des déchets de matériaux de construction, des saletés indescriptibles s'entassent un peu partout. Il y a bien des actions de volontariat menées par des riverains qui nettoient tout et procèdent à l'enlèvement de tous les déchets. Mais quelques jours plus tard, même si on a pris le soin de placer bacs et bennes à ordures, d'autres tas de détritus se forment. Car, l'incivisme étant, on continue de sortir son sachet d'ordures n'importe quand et le jeter n'importe où. On a pris l'habitude de le faire sans qu'aucune autorité n'y trouve à redire. L'habitude a pris racine et il faudra une action de tous les jours et des sanctions pour changer tout cela. Autre déficience : les marchés de proximités. En leur absence, les habitants sont obligés de se déplacer jusqu'en ville pour faire leurs courses et emplettes. Evidemment, des opportunistes ont vite fait de relever cette situation qu'ils feront tout aussi vite d'exploiter en s'installant sur les places publiques, les trottoirs et les parkings des cités où ils monteront des étals qui proposeront les marchandises dont auraient besoins les riverains. Sur ces étals, s'entassent, pêle-mêle, toutes sortes de produits, fruits, légumes, bidons d'huile d'olives, conserves, et même du pain, un aliment sensible exposé au vent et au soleil. Les marchands installés là depuis des années seront difficiles à déloger et à déménager, c'est ce qui s'est passé dernièrement à la cité Safsaf plus connue sous le nom des «Allemands» où les élus de l'APC avaient décidé de nettoyer le site pour déménager les vendeurs dans un marché flambant neuf construit récemment. Il aura fallu l'intervention de la force publique pour déloger ces derniers. Les autorités ont même été obligées de mettre des policiers en faction pour que ces commerçants de l'informel ne réinvestissent pas les lieux. A Sidi Amar, c'est la même opération qui a eu lieu, les marchands de fruits et légumes qui occupaient la grande place publique avaient été déménagés par la force dans un marché situé plus haut. Cette opération qui a touché presque toutes les localités de la wilaya d'Annaba, sur instruction du chef de l'exécutif, a permis de nettoyer les cités et de rendre les espaces publics aux citoyens. Ces opérations des pouvoirs publics qui ont mis des années à se concrétiser sur le terrain, non sans réticences, oppositions et parfois accompagnées de violentes manifestations, n'auraient pas eu lieu si au départ, la planification avait prévu les commodités nécessaires à une vie décente des habitants. Les aires de jeu pour les enfants, les espaces verts, les jardins publics, les centres de loisirs et de culture attendront, il faudra, là aussi, une décennie pour que cela se réalise.