Présentée samedi dernier sur les planches du Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine-Bachtarzi, la pièce théâtrale Souvenir d'Alsace est la dernière production du Théâtre régional de Mascara, une œuvre créée dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire de l'indépendance. Ecrite par Abdelhalim Rahmouni et mise en scène par Mohamed Frimehdi, la pièce relate le terrible séjour des Algériens en Alsace lorsqu'ils ont été contraints de rejoindre les rangs de l'armée coloniale française lors de la 1re guerre mondiale. La guerre bat son plein, des cadavres jonchent le sol, les coups de feu sont assourdissants, une situation infernale joliment reproduite sur scène. Quatre musiciens sont installés sur la scène accompagnant les comédiens aux percussions, simulant ainsi les coups de feu. Parmi ces soldats, on retrouve Mansour et Bachir, deux Algériens qui après la mort de leurs compagnons de guerre se retrouvent coincés dans une sorte de cachot. L'un d'entre eux est grièvement blessé, une balle s'est confortablement installée dans sa jambe lui provocant des douleurs atroces dans un froid nordique. Seuls au monde, les deux soldats au début très méfiants l'un de l'autre deviennent vite complices, leur survie en dépend. Mansour et Bachir entament une longue discussion durant laquelle chacun d'entre eux évoque son passé et les circonstances l'ayant obligé à rejoindre les rangs de l'armée française. On apprend vite que l'un d'entre eux a été victime d'une trahison du Caïd du village qui, pour épargner son propre fils de la guerre, a donné ce dernier en pâture aux colons. Quant au second, il a laissé derrière lui sa femme et quatre enfants en bas âge. Pris d'hallucinations les deux hommes commencent à imaginer une vie meilleure, un monde parfait où l'homme ne serait pas victime de ses pulsions meurtrières. La pièce est aussi riche en tableaux chorégraphiques où les comédiens jouent également d'accessoires comme le brancard. Assez rythmée, le metteur en scène a su parfaitement reproduire sur les planches l'atmosphère pesante et infernale de la guerre. Concernant la performance des comédiens, elle a été juste moyenne, exception faite pour Fethi Kafi qui a vampirisé la scène de par sa présence exceptionnelle et son talent fou. Par ailleurs, la pièce observe de nombreuses lenteurs qui pourraient ennuyer le public, surtout vers la fin, une chute un peu tirée par les cheveux car finalement tous les soldats sont dans un asile et l'histoire n'est que le fruit de leur imaginaire. Il faut noter aussi que l'exploration du thème de l'aliénation et le surréalisme est devenue une nouvelle tendance dans le théâtre algérien et surtout au TR Mascara, c'est le cas dans leur production Miroir en 2012. W. S.