Le roi de Jordanie, Abdallah II, a exhorté le gouvernement syrien à avancer vers une «transition incluant toutes les parties» afin d'empêcher l'éclatement de ce pays, en proie à une guerre civile depuis mars 2011. «Seule une transition incluant toutes les parties peut arrêter ce conflit et empêcher la fragmentation de la Syrie», a déclaré le souverain hachémite lors d'une conférence de presse avec le président turc, Abdullah Gül. Le roi Abdallah II a estimé que cette transition politique s'avérait plus «urgente» que jamais pour «sauvegarder l'intégrité territoriale» de la Syrie, frontalière de la Jordanie et de la Turquie. Pour permettre à ces deux pays de faire face à l'afflux de réfugiés syriens, Abdallah II a une nouvelle fois appelé la communauté internationale à accroître son aide. La Jordanie affirme accueillir 350 000 réfugiés syriens tandis que la Turquie en héberge officiellement près de 200 000. L'ONU s'attend à ce que le nombre de réfugiés dans les quatre pays voisins de la Syrie - Liban, Irak, Jordanie et Turquie - atteigne un total de 1,1 million d'ici à juin si le conflit ne cesse pas. Les pays voisins, justement, commencent à subir les effets collatéraux d'un conflit sans fin. L'embuscade qui a coûté la vie à 48 soldats syriens sur le territoire irakien, mettant en péril la fragile neutralité que l'Irak a tenté de préserver jusque-là, risque d'entraîner Baghdad dans la guerre qui fait rage en Syrie depuis bientôt deux ans. Un convoi transportant des soldats syriens blessés, qui s'étaient réfugiés en Irak, a été attaqué, lundi, alors qu'il traversait la province d'Al Anbar, en direction de la frontière. Quarante-huit soldats syriens et neuf gardes irakiens qui les escortaient ont été tués. Face à la guerre civile qui embrase son voisin syrien, Baghdad a, jusque-là, adopté une attitude de neutralité exemplaire, se contentant d'appeler à la fin des violences. Cependant le conflit peut avoir des échos dangereux à l'intérieur même de la société irakienne. Les habitants sunnites de la province d'Al Anbar ont de forts liens tribaux, familiaux et commerciaux avec les habitants de l'est de la Syrie, dont certains sont des rebelles. Le gouvernement, dominé par les chiites, a résisté aux pressions occidentales pour désavouer le régime syrien. Mais l'embuscade, dernier en date des débordements du conflit syrien en territoire irakien, met en évidence la fragilité des efforts de Baghdad pour rester en dehors de la crise. Baghdad est pris en étau, notamment entre l'Iran, son voisin de l'est, et les Etats-Unis, avec qui le régime de Baghdad entretient également de bonnes relations. Les réactions officielles à l'embuscade de lundi indiquent que les autorités irakiennes craignent une contagion du conflit syrien. Le porte-parole du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, a exprimé des inquiétudes soulignant que «certains tentent de propager la crise syrienne en Irak, mais nous ferons face à ces tentatives d'où qu'elles viennent avec toute notre force». R. I.