De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Le ministre de la Communication, qui annonçait hier l'ouverture du champ audiovisuel d'ici 2014, a prôné l'introduction du «baromètre» du professionnalisme pour hisser le niveau de la presse algérienne. «Il existe plus de 130 titres enrôlant près de 5 500 journalistes mais, ne reflétant pas tous le même niveau», a-t-il admis. Un fossé qui selon lui doit s'équilibrer par une réorganisation du secteur avec en prime un perfectionnement et une formation assidue de la corporation Le projet de loi sur l'audiovisuel, qui entrera en vigueur début 2014, sera présenté la semaine prochaine au gouvernement pour la seconde fois avant d'être transmis au Conseil des ministres, a affirmé, hier, le ministre de la Communication, M. Mohamed Saïd lors d'une courte conférence de presse tenue au siège de la wilaya à Souidani Boudjemaâ. Renvoyé à maintes fois aux calendes grecques, l'édit en question devra atterrir ensuite à l'Assemblée populaire nationale (APN) pour adoption, fin 2013. «Par ceci la scène médiatique sera confortée par l'audiovisuel qui ouvre la voie à l'investissement privé avec des chaînes privées thématisées se pliant à un cahier des charges limité au départ, et auquel doivent se conformer tous ceux qui œuvrent dans le secteur», a-t-il alerté. S'articulant sur les réformes politiques qui ont balisé le chemin à toute réorientation de la sphère médiatique, le ministre évoquera une autre loi, celle relative à la publicité qui elle aussi devra «être réorganisée avec des normes précises. Son adoption est programmée au cours de la prochaine session du Parlement». Et de fixer une date butoir sur la mise en œuvre des lois : «Elles seront entérinées avant 2014.» Sur un autre chapitre, le responsable du secteur a révélé que des commissions sur la création du Conseil de déontologie et l'élargissement du champ d'action de l'Autorité de régulation de la presse verront incessamment le jour. «Nous demeurons à la recherche de 7 journalistes élus par la corporation pour voir asseoir ledit conseil. A ce titre je ne peux que vous solliciter à vous organiser.» Ainsi il s'attardera pour dénoncer «l'absence d'organisation au sein de la corporation journalistique, le conseil de la déontologie est une étape et un ‘organe' important puisqu'il veillera sur le respect de la profession. Quoiqu'il en soit on trouvera une solution pour élire des journalistes aptes à régir ce conseil déontologique.» Par ailleurs, il reviendra sur la réalisation des unités d'impression dans les wilayas du sud-ouest du pays, notamment à Adrar, Tindouf, Illizi et Tamanrasset, lesquelles firmes devront alléger la problématique de diffusion des journaux. Concernant la diffusion télévisuelle, M. Mohamed Saïd promet une couverture nationale d'ici fin 2014. Et ce, selon la stratégie élaborée par les services compétents : «La TNT devra toucher 80% du territoire fin 2013 avant d'atteindre les 95% en fin 2014. Les 5% manquants aux contrées reculées seront assurés par des satellites», a-t-il assuré. S'adonnant à une courte conférence de presse qui n'a pas permis à tous les journalistes de s'exprimer faute «de timing adéquat», Mohamed Saïd a brossé un tableau rapide des préoccupations des confrères locaux dont la plupart «aux questions lancinantes» sont restés sur leur faim. Ainsi la formation continue des journalistes a pris le dessus durant cette trentaine de minutes en astreignant les directeurs des institutions à une ponction de 2% sur leur chiffre d'affaires annuel qui seront destinés au perfectionnement. «Ceux qui ne se plient pas à cette règle verront cette valeur verser dans le Trésor public», a-t-il averti. Et de poursuivre : «Nous allons détailler cette nouvelle loi et ses chapitres dans un mois lors d'une journée de sensibilisation et de vulgarisation au profit des journalistes et des responsables relevant du secteur, pour une large compréhension et une application à la lettre de l'édit en matière de formation et notamment pour ce qui est de la publicité.» Dans la même optique le responsable n'a cessé de revendiquer le professionnalisme en appelant les journalistes à une investigation plus approfondie pour «échapper» aux sources à échos…mais sans omettre de lever le voile sur la difficulté à l'accès aux multiples sources d'informations, notamment institutionnelles. A ce titre précis il promet, en juin, un conclave pour débattre du thème. D'ici à l'ouverture du champ audiovisuel au privé M. Mohamed Saïd devrait à coup sûr éplucher un dossier pour le moins brûlant. Celui des chaînes algériennes satellitaires qui émettent depuis des pays lointains… en diffusant (par l'une d'entre elles) des séquences choquantes. Les deux assassinats d'Ibrahim et de Haroun (nouvelle ville Ali Mendjeli) en sont éloquents. A quelle déontologie seraient-elles astreintes une fois le champ ouvert légalement ?