Par Mohamed Rahmani Plan national d'aménagement de l'environnement, Programme national déchets ménagers et assimilés, Plan national déchets spéciaux dangereux, Programme d'aménagement côtier, Plan de lutte contre la désertification, autant d'instruments mis en place pour traduire sur le terrain et concrétiser la nouvelle stratégie nationale en matière de protection et de préservation de l'environnement. Un environnement dont la situation n'est guère reluisante au vu des pollutions de tous types, déchets industriels, solides et liquides, pollution de l'air et des sols ainsi que celle ayant trait aux zones côtières. Une pollution tous azimuts qu'il faudra à tous prix éradiquer, du moins la réduire, de sorte que l'impact sur l'environnement et le cadre de vie soit minime. Le rapport sur l'état de l'environnement en Algérie fait état d'un diagnostic sur lequel s'appuie le Plan national de l'environnement et du développement durable, un diagnostic qui a relevé des points noirs à travers tout le territoire national pour avoir une vision globale de la situation et prendre les mesures adéquates et spécifiques pour chaque type de pollution. Ainsi pour la dépollution industrielle, c'est un cadastre recensant les unités industrielles à travers le territoire national. Il est rapporté par ledit rapport que 500 000 tonnes de déchets dangereux sont stockées à Ghazaouet, qu'une quantité dangereuse de mercure est recensée à Azzaba, dans la wilaya de Skikda, Fertial et ArcelorMittal Annaba sont de gros pollueurs ; la présence d'amiante dans quatre unités industrielles localisées à Gué de Constantine, Meftah, Zahana et Bordj Bouarréridj est qualifiée de dangereuse et à hauts risques, les 6 700 transformateurs fonctionnant au polychlorobiphényle (PCB) représentent à eux seuls un danger permanent. Ces quatre derniers sites ont été fermés suite à l'interdiction de l'amiante et un bureau d'études international a été désigné pour faire des prélèvements et un diagnostic en vue de la dépollution, de la décontamination et le désamiantage et le retour de ces sites sous forme de friche industrielle. Pour Ghazaouet, c'est un CET de stockage dans de bonnes conditions qui a été retenu et l'étude est en cours en vue de la réalisation de ce centre devenu une urgence au vu des dégâts causés sur l'environnement. Pour les transformateurs PCB, 1 500 sont en rebut et ont été exportés à l'étranger dans des centres spéciaux pour élimination, le reste sera traité dans d'autres centres qui sont en cours de réalisation à Boughezoul, Bir El Ater (Tébessa) et Sidi Bel Abbès. Trois autres grands programmes de dépollution industrielle sont en cours et concernent le bassin versant d'Oued El Harrach avec ses 1 200 unités industrielles, Oued Seybouse qui compte 600 autres unités et Oued Echelef qui en compte 800. Une station d'épuration commune à chaque site sera réalisée avec pour objectif l'élimination des déchets liquides et l'amélioration de la qualité des eaux, et ce, en plus des incinérateurs pour la récupération énergétique (il est prévu 48, un dans chaque wilaya). Pour Annaba, Fertial a été la première à fermer une de ses unités les plus polluantes avec un changement de process de fabrication. Cette décision a eu un impact positif sur l'eau de mer et le biotope commence à se régénérer de l'avis même des marins pêcheurs qui affirment que les zones de pêche sont devenues poissonneuses. A ArcelorMittal c'est une mise à niveau qui est en cours avec l'acquisition d'équipements et d'installations pour réduire sensiblement les émanations polluantes de l'atmosphère. Un réseau de surveillance qualité de l'air a été installé à Annaba et à El Bouni. L'éducation à l'environnement est venue, naturellement, avec une convention signée entre le ministère de tutelle et le ministère de l'Education, 1 500 enseignants ont été formés dans le domaine et des clubs verts ont été installés dans les écoles pour apprendre aux enfants l'importance de l'environnement et son impact sur la qualité et le cadre de vie dans lequel ils sont appelés à évoluer. Lors de sa visite, lundi dernier, à Annaba, la secrétaire d'Etat chargée de l'Environnement au ministère de la Ville, Dalila Boudjemaa, a eu à inspecter les chantiers dépendant de son département, réalisés dans le cadre de différents programmes de développement visant à améliorer la qualité du cadre de vie du citoyen. Une visite qui l'a conduite au complexe Fertial où elle a constaté sur le terrain, lors d'une visite guidée à travers l'usine, les installations et les équipements destinés à la préservation et à la protection de l'environnement pour ensuite se déplacer à Aïn Berda et inspecter une décharge intercommunale contrôlée. La visite s'est poursuivie avec une halte au CET des déchets inertes de Oued El Aneb d'une capacité de 110 000 mètres cubes avant de se diriger vers la corniche d'Annaba et son projet de jardin citadin méditerranéen à Aïn Achir. La secrétaire d'Etat que nous avons pu rencontrer nous a déclaré qu'il s'agit là d'une nouvelle vision et une nouvelle approche de la question de l'environnement dans notre pays. «C'est une stratégie pour laquelle tout a été mobilisé, avec pour objectif la réduction de la pollution et la dépollution industrielle, de sorte que la qualité de l'air et le cadre de vie, d'une manière générale, seront améliorés. C'est un plan d'action que nous mettons en œuvre et qui aura des effets considérables, aujourd'hui, nous disposons de 62 CET au niveau national, en 2014, ils seront 112 parce que les 50 en cours de réalisation ont un taux d'avancement de 50%. Nous avons installé des institutions de surveillance de l'environnement à travers tout le pays pour évaluer la biodiversité et les changements climatiques. Pour le cadre législatif, treize lois ayant trait à l'environnement ont été promulguées et notre travail, en plus de celui pédagogique adressé aux enfants dans les 24 000 établissements de l'enseignement, va aussi dans le sens de la sensibilisation de l'adulte qui doit lui aussi participer à la préservation de l'environnement. Parce que l'environnement c'est l'affaire de tous. Il y a actuellement 5 000 clubs verts qui activent sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports en plus de ceux existant déjà dans les écoles. Notre action vise aussi la femme parce qu'elle est plus sensible à la question de l'environnement et l'Union nationale des femmes algériennes (Unfa) se propose d'installer des cellules de proximité pour expliquer aux ménagères les bons gestes. Les hommes de culte sont aussi sollicités, il y a 15 000 mosquées et si elles consacrent des prêches traitant de la question de l'environnement, ce serait une bonne chose», indique Mme Boudjemaa. M. R.