C'est un Premier ministre décidé à réaliser un maximum des promesses du candidat Bouteflika qui s'est rendu à Oran jeudi dernier. Accompagné de plusieurs ministres, Abdelmalek Sellal a recadré son discours ainsi que l'action des walis et des cadres au niveau local. Il lancera plusieurs messages politiques, économiques et sociaux. Le message qui tranche avec la méthode de son prédécesseur est celui relatif aux réévaluations des projets en cours de réalisation. «Envoyez nous vos réévaluations des projets pour que l'on puisse les introduire dans la loi de finances complémentaire», dira-t-il au directeur de l'enseignement supérieur. La raison de cette «permissivité» réside dans le fait que «rien ne doit entraver la réalisation du programme du Président». Il est clair que le gouvernement que dirige Abdelmalek Sellal est décidé à lancer un maximum de chantiers et dans tous les secteurs. Il affirmera devant la société civile d'Oran que son gouvernement est un «gouvernement de terrain. Un gouvernement qui résout les problèmes des citoyens». Il annoncera, non sans fierté, que «198 000 logements sont prêts à être distribués au niveau national et que 650 mille autres unités sont en cours de réalisation». «Peu de pays au monde peuvent en dire autant», dira-t-il. Il affirmera avoir instruit les walis pour que des décisions de pré-affectation de logement dès que le taux de réalisation de 80% est atteint. Il regrettera, dans la foulée, les émeutes qui se sont produites à Ouargla à la suite de la distribution de 200 logements. «Il ne sert à rien de détruire une daïra par manque de patience et de tolérance», dira-t-il. Il enchaînera en expliquant que le chantier du siècle est celui qu'a lancé le président Bouteflika à travers la concorde civile et la réconciliation nationale. «Il ne s'agit pas seulement de pardonner à un terroriste. Il s'agit surtout, pour les Algériens d'apprendre la tolérance et la patience.» Il appellera à une sorte de changement de mentalité en expliquant que le gouvernement comprend les attentes légitimes des citoyens mais expliquera que tout ne peut se faire en un jour. Sur le volet de l'emploi des jeunes, le Premier ministre expliquera que la Sonatrach est une entreprise économique et que par conséquent, elle ne peut recruter tout le monde. «La Sonatrach est une entreprise économique. Nous ne pouvons la mettre en faillite. Par le passé, nous avons fait jouer aux entreprises un rôle social et nous avons occulté l'aspect économique. Ces entreprises ont toutes fait faillites», dira-t-il. Ce recadrage semblait nécessaire tant les «émeutes de l'emploi» se multiplient partout où la compagnie pétrolière à une unité de production ou de transformation. Ce recadrage du discours du Premier ministre est sûrement dû au fait que les citoyens, particulièrement les jeunes, ont compris jusqu'à présent que seule l'émeute permettait d'obtenir les faveurs du gouvernement. L'appel à la patience et à la tolérance d' Abdelmalek Sellal démontre qu'il a pris connaissance des défis qui l'attendent et de l'importance de la tâche qui est maintenant la sienne. A. E.