La conférence afro-asiatique de Bandung, qui a eu lieu le 18 avril 1955 dans la ville d'éponyme, en Indonésie, a été « une victoire pour la diplomatie algérienne » et a été inscrite dans la déclaration de Novembre comme « deuxième arme de combat » pour le recouvrement de l'indépendance. C'est ce qu'ont déclaré, hier, des historiens tels le Dr Amer Rekhila de l'université d'Alger, et le Dr Salah Belkkobi, ancien diplomate. Cet événement historique a ouvert la voie à l'Algérie, grâce au soutien des 29 pays d'Asie et d'Afrique, pour inscrire, trois mois plus tard, la question de son indépendance au niveau de l'Assemblée générale de l'ONU. Un débat a été organisé, à ce titre, au Forum d'El Moudjahid. Les représentants du mouvement national, rappelle le Dr Amer Rekhila, dans sa conférence, avaient, un mois après le déclenchement de la révolution, c'est-à-dire en décembre 1954, demandé à M'hamed Yazid et à Hocine Aït Ahmed de préparer la participation de l'Algérie à cette conférence. Mais se posait la question de savoir « qui de l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) ou du FLN allait être son porte-parole, certains pays, comme la Chine et l'Inde, connaissant beaucoup plus le premier mouvement plutôt que le FLN qui venait d'être créé », explique-t-il. Parmi les propositions émises, celle « d'inclure la représentation algérienne au sein de la délégation égyptienne » ou alors, « dans un cadre maghrébin », c'est-à-dire les trois pays, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, non encore indépendants. C'est ce dernier cadre qui va prévaloir. Toujours est-il que les délégués algériens ont joué, lors de cette conférence , un rôle important dans la sensibilisation de l'opinion publique internationale et des représentants des pays participants (600 délégués) pour faire connaître les souffrances du peuple algérien devant les exactions de la colonisation française, appelant Paris à « trouver une solution à ce conflit ». Le monde a besoin d'une nouvelle Conférence de Bandung Le Dr Rekhila signale que la diplomatie a été « un front décisif » pour le triomphe de la révolution algérienne, qui a su comprendre les nouveaux enjeux de l'après-guerre (1945) et l'évolution des forces qui structurent les relations internationales par l'émergence du bloc des non-alignés, etc. Il conclut que les pays afro-asiatiques ont joué un rôle dans l'internationalisation de la question algérienne de 1955 jusqu'à l'indépendance de l'Algérie. Le Dr Salah Belkkobi, lui, a replongé l'assistance dans l'histoire pour mieux expliquer que la diplomatie algérienne a été « une constante dans notre pays, bien avant son invasion, en 1830, par la France ». Pour preuve, explique-t-il, « plusieurs puissances dont les USA y avaient leurs représentations ». Abdelmadjid Chikhi, historien et directeur des Archives nationales, est intervenu pour apporter des précisions sur le retrait, à Bandung, du représentant de Messali Hadj au profit du délégué du FLN, c'est-à-dire qu'il s'est volontairement « désisté et non forcé à son l'isolement jusqu'à la fin de la conférence ». Enfin, cette commémoration de la Conférence de Bandung a été l'occasion pour l'ambassadeur d'Indonésie de se demander si « les objectifs ont réellement été atteints en matière d'indépendance dans le contexte actuel », invitant l'Algérie à organiser une nouvelle conférence afro-asiatique après avoir accueilli, en 1965, l'après-Bandung. Elle sera l'occasion de débattre « d'un nouvel ordre international et de préserver l'indépendance des pays d'Afrique et d'Asie », conclut-il.