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Lutte antiterroriste ou financement du terrorisme ? La France aurait payé une rançon de 7 millions de dollars pour libérer la famille enlevée au Cameroun
La France a-t-elle payé, une nouvelle fois, une rançon pour libérer la famille qui a été enlevée au Cameroun ? C'est en tous cas ce qu'a affirmé hier matin la chaîne d'information française i-Télé. La France, engagée dans la lutte contre les groupes intégristes au Mali, aurait paier un autre groupe intégriste au Nigéria pour obtenir la libération de ses otages. Selon le journaliste Olivier Ravanello, spécialiste des questions sécuritaires sur la chaîne, le groupe GDF-Suez pourrait avoir payé une rançon de 5,4 millions d'euros (7 millions de dollars) aux islamistes de Boko Haram, pour faire libérer son employé Tanguy Moulin-Fournier et sa famille otages au Cameroun. i-Télé affirme aussi que 16 détenus islamistes ont aussi été libérés dans le «deal», en plus de cette somme colossale versée aux terroristes. Une hypothèse déjà avancée par les analystes le jour-même de la libération des otages. Contactée par la chaîne d'info en continu, GDF-Suez n'a ni confirmé ni infirmé l'information, laissant planer le doute. Le responsable de GDF a même refusé d'infirmer l'information obtenue par Ravanello. Même si le journaliste avance l'hypothèse que cette rançon pourrait aussi avoir été versée par le Cameroun et son président Paul Biya, cette hypothèse semble très peu plausible. La France aurait enfreint sa propre doctrine même si son Premier ministre a démenti l'information. La France n'a payé aucune rançon pour obtenir la libération des otages du Cameroun, a déclaré en milieu de journée Jean-Marc Ayrault. «On dit toujours ça après une libération. L'important, c'est qu'ils aient été libérés. Bien entendu, on dément», a dit le Premier ministre à l'agence britannique Reuters. Un démenti qui ne convainc personne, d'autant plus que les socialistes au pouvoir depuis mai dernier multiplient les couacs. La France, qui intervient en solo au Mali au nom de la lutte antiterroriste, continue, comme l'a déjà affirmé une ancienne diplomate américaine sur cette même chaîne d'information à payer des rançons. François Hollande avait réitéré le 19 avril, lors de la libération de la famille, la doctrine française en la matière, «qui est le non-versement de rançons». L'Elysée a renvoyé, hier, la presse à cette déclaration, de même que l'entreprise GDF Suez, pour laquelle travaille le père de famille Tanguy Moulin-Fournier, qui s'est refusée elle aussi à tout commentaire. Selon i-Télé, qui dit tenir ses informations de sources opérationnelles du dispositif de libération, une somme de 7 millions de dollars aurait été versée en plusieurs fois au groupe islamiste Boko Haram, qui a revendiqué l'enlèvement des Français. Ce n'est pas la première fois qu'une hypothèse de rançon versée est avancée dans la libération d'otages français. En 2010, selon une diplomate américaine, la France aurait ainsi payé une rançon de 17 millions de dollars pour libérer quatre otages au Niger (qui seraient aujourd'hui toujours détenus, au Mali). Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur, avait alors nié en bloc ces allégations: «L'Etat français n'a jamais donné d'argent pour la libération d'otages. La France n'a jamais rien payé, c'est tout ce que je peux dire. La France n'a jamais payé de rançon». Les Occidentaux, qui passent leur temps à discourir sur la lutte antiterroriste, gagneraient beaucoup à ne pas développer un double discours. La lutte antiterroriste ne fait pas bon ménage avec le paiement des rançons. Ceux qui payent les rançons ne font pas autre chose que financer les terroristes. G. H.