Par Hasna Yacoub L'assemblée générale de l'ordre des avocats d'Alger qui devait décider des suites à donner au mouvement de protestation d'une journée observée il y a une quinzaine de jours, a vite tourné en altercations. Les journalistes conviés à cet événement se sont vus prier de quitter la salle sous prétexte que les débats «doivent se dérouler à huis clos», juste après les accusations lancées par un avocat, Me Amara, contre le bâtonnier Abdelmadjid Sellini, et qui se sont terminées par des empoignades entre l'accusateur et d'autres avocats qui ont voulu lui faire quitter la salle par la force. Me Amara, suspendu par le Conseil supérieur de magistrature, aurait été réintégré, comme il l'a assuré à l'entrée de la salle de l'Ugta où se tenait hier l'AG des avocats. Au moment de son accès déjà, une altercation s'est déclenchée et un policier a été appelé pour essayer de faire quitter la salle à l'avocat, mais en vain. En fait, l'ordre des avocats d'Alger et par la voix de son président, Me Sellini, considère Me Amara comme étant toujours suspendu, du fait que ce dernier n'aurait pas notifié sa réintégration au conseil. Dès l'ouverture des débats et alors que Me Sellini répondait à la première question portant sur l'incident qui l'a opposé au juge Hallali et qui a été déclencheur de la journée de protestation des robes noires, en disant «la justice n'est la propriété de personne», il sera interrompu par Me Amara qui lui lancera «la profession d'avocat n'est pas aussi votre propriété». Me Amara lancera une somme d'accusations contre le bâtonnier avant de se diriger vers le micro pour prendre la parole mais il en sera empêché et une empoignade s'en est suivie. A ce moment précis, Me Sellini demandera à la presse de quitter la salle pour poursuivre les travaux à huis clos. Notons que dans son allocution d'ouverture des travaux, le bâtonnier a commencé par brosser un tableau peu reluisant des conditions de travail des avocats. Me Sellini a parlé de la dégradation continue et dangereuse des conditions d'exercice de la profession d'avocat, des violations des droits de la défense, des humiliations quotidiennes des avocats et même de l'interdiction de plaider pour certains. Tout en rappelant que l'avocat est «le garant des droits des justiciables», Me Sellini a soumis au débat de l'assemblée certaines propositions avant leur adoption dans les recommandations. Il s'agit, entre autres, de la proposition de création d'une nouvelle commission chargée d'évaluer -en recourant à un sondage auprès des justiciables- la mise en application réelle des recommandations de la commission de réforme de la justice. Il est aussi question de la création d'un ouvrage où seront rassemblés les droits des justiciables. Me Sellini proposera, également, de poser le problème de l'exigence de la présence de l'avocat devant le juge d'instruction alors qu'il est tenu de ne pas intervenir. Concernant les affaires civiles, il considère que la défense est lésée par le juge qui ne lui accorde pas le temps nécessaire pour préparer son dossier. Enfin, revenant sur le projet de loi de la profession d'avocat, le bâtonnier a tenu à rendre hommage aux avocats d'Alger qui «grâce à leur mobilisation», il a été possible de faire revoir la copie du projet au niveau de la commission juridique de l'APN. «C'est une lutte de longue haleine mais nous avons réussi à faire supprimer 25 des 29 articles rejetés par la corporation». H. Y.