Se saisissant de la «léthargie» qui caractérise la vie politique du pays depuis l'absence pour maladie du président Bouteflika, le secrétaire général du mouvement El Islah, Djahid Younsi, en a attribué la cause au système présidentiel, qui «concentre les pouvoirs aux mains du président de la République», estimant que l'activité du gouvernement serait de l'«agitation», et qui de plus est «illégale». Lors d'une conférence de presse, tenue hier, il a estimé que le régime parlementaire est le plus à même de répondre à la demande des Algériens, adressant en cela un appel aux consciences au sein du pouvoir à partager la responsabilité avec les autres forces politiques en présence, pour sauver le pays. Le système présidentiel est un danger pour le pays, dira le premier responsable d'El Islah, en arguant que la concentration des pouvoirs aboutira inévitablement à la vulnérabilité de l'Etat. Il s'est insurgé contre le fait qu'au 21e siècle, l'Etat est géré selon la logique de Louis XIV, qui affirmait que «l'Etat c'est moi». Selon lui, «cette vulnérabilité facilite les pressions étrangères, et met en danger la souveraineté du pays», en l'étayant par trois exemples, notamment les autorisations accordées au «survol de l'espace aérien national aux bombardiers français dans la guerre au Mali», «l'utilisation de l'espace aérien aux drones américains» et «l'ouverture en catimini d'un bureau du FBI à Alger». Ces situations ne pouvaient survenir si le front intérieur était plus fort, considère le leader d'El Islah, qui souligne la nécessité d'une redistribution des prérogatives et de responsabiliser la société en entier. Car «les citoyens ne se sentent jamais concernés par le sort du pays si on ne les fait pas participer au pouvoir», a-t-il affirmé. Le conférencier a estimé que «le pays a plus que besoin d'un contre- pouvoir», lequel, à son avis, «représente la pièce maîtresse de tout système démocratique». De même qu'il a mis l'accent sur le principe de la responsabilité des gouvernants. Or, «ces deux principes sont absents», a-t-il déploré. Il a abondé dans ce sens, considérant que le traitement médiatique de l'hospitalisation du Président s'est accompagné d'un «verrouillage» qui a «ouvert la voie à la manipulation à outrance». Il est inconcevable que l'état de santé du Président soit rapporté par des médias et des parties étrangers, et que des décrets soit signés, a affirmé Djahid Younsi. D'après le leader d'El Islah, il est nécessaire que la prochaine révision de la Constitution aboutisse à la mise en place d'un système de gouvernance parlementaire, en annonçant, toutefois, son rejet du bicaméralisme. Il a, ce faisant, appelé pour que la prochaine révision de la loi fondamentale du pays soit précédée par un débat national qui prendra la forme d'une conférence nationale de dialogue devant, elle, dégager un consensus des composantes de la société autour de ses décisions. Des propositions qu'il a affirmé avoir proposé lors des consultations politiques. Lesquelles consultations «ne sont valables ni dans le fond ni dans la forme», de l'avis de Younsi, qui les qualifiera d'«audiences». Il a, enfin, émis le souhait que les prochaines présidentielles créeront une «véritable dynamique» dans le sens d'une «ouverture démocratique», sur laquelle sont mis tous les espoirs des Algériens. A. R.