Le parti politique Mouvement El Islah proposera une révision de certains articles du code pénal pour demander la levée des sanctions pénales contre des imams qui expriment leur avis et des harraga, a annoncé, hier, Mohamed Djahid Younsi, secrétaire général du parti. Le projet de révision sera introduit par le groupe parlementaire du parti dans le cadre de l'Alliance de l'Algérie verte, a-t-il précisé, lors d'une conférence de presse, tenue au siège du parti à Alger. Le parti soutient les imams dans leur requête pour lever les sanctions pénales. Le Mouvement El Islah rejoint ainsi le MSP de Bouguerra Soltani qui avait proposé, en 2008, la révision du code pénal pour abroger les articles où il est question de peines d'emprisonnement à l'encontre des journalistes et imams qui seraient coupables aux yeux de la justice de diffamation. Les harraga, poursuit, M.Younsi, sont «des victimes de l'échec des responsables qui n'ont pas pu proposer de solutions concrètes». Revenant sur les différents événements qu'a connus le pays récemment, il a qualifié de «légitimes» les mouvements de protestations enregistrés au Sud. Les revendications des jeunes, principalement, sont d'ordre social puisqu'ils réclament leur droit à l'emploi et au logement. Ces mouvements de protestation sont «cycliques» car «le pouvoir tarde à apporter des solutions bien étudiées, voire radicales». Parmi les mesures décidées par le gouvernement, suite aux mouvements de protestation dans le Sud, figure la baisse des prix des billets d'avion vers certaines wilayas du Sud, accentuant la contestation de certaines autres wilayas non concernées. «Ce sont des mesures prises à la hâte», a-t-il estimé, qualifiant les gouvernements successifs de «conseils d'administration, sans responsabilité politique». La question de la protestation sociale doit être profondément étudiée afin de proposer de vraies solutions et non des mesures superficielles qui servent juste à apaiser les tensions sans impact réel sur le terrain, a-t-il souligné, craignant la propagation de la protestation à d'autres régions en l'absence de réponses exemplaires. El Islah conteste «les consultations folkloriques» M. Younsi a évoqué aussi l'avant-projet de révision de la Constitution pour réitérer son appel à faire participer les partis politiques, les syndicats, les représentants du monde culturel et les élites des différents horizons dans la commission chargée de la révision de la Constitution. Le Mouvement El Islah refuse «les consultations folkloriques» et appelle au boycott si la marginalisation des partis politiques est maintenue. Il demande l'implication des partis politiques dans la commission et la prise en considération des propositions faites suite aux consultations dirigées par le Premier ministre. Concernant les affaires de corruption révélées depuis quelques mois, il a estimé que ces affaires peuvent avoir «un lien avec le règlement de comptes entre clans, à l'intérieur du système, qui se disputent le pouvoir». Seul un système démocratique transparent, poursuivra-t-il, pourrait endiguer la corruption en Algérie. A propos de la prochaine élection présidentielle, M.Younsi a rappelé que son parti a de tout temps plaidé pour l'alternance et est favorable pour deux mandats présidentiels uniquement. Ne s'opposant pas à une éventuelle candidature du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, il a plaidé pour «le changement du système». L'Algérie passera par une période transitoire «obligatoire» avant d'instaurer un système démocratique.