La renationalisation du complexe sidérurgique ArcelorMittal Annaba (AMA) se précise et est imminente, selon un document parvenu à notre rédaction régionale, baptisé feuille de route, décrivant toutes les étapes et les instruments qui seront mis en place en vue de booster la production, qui atteindra, selon les prévisions, les 2,2 millions de tonnes d'acier en 2017. La production actuelle couvre à peine 20% de la demande exprimée au niveau national, le reste est importé. Une facture lourde à porter et qui est de l'ordre de 10 milliards de dollars. Selon le document, les besoins croissants en produits sidérurgiques atteindront 5 millions de tonnes en 2020 et passeront à 8 millions de tonnes en 2030. La conjoncture économique avec la crise qui frappe le secteur dans le monde au vu des surcapacités (production de 300 millions de tonnes d'acier pour des besoins exprimés de l'ordre de 190 millions de tonnes) a provoqué une chute des prix de l'ordre de 50%. D'un autre côté le complexe sidérurgique d'El Hadjar est dans une situation financière et industrielle des plus précaires : des installations industrielles vieillissantes et limitées en capacité, fermeture de sites de production (cokerie, unité fer blanc, tuberie,…), manque d'investissement et apport technologique insignifiant, effectifs importants et dégradation du climat social, les conflits sociaux ne se comptant plus, ce qui a entraîné une chute du chiffre d'affaires estimée à 45 millions de dollars. Ces éléments ont plaidé pour une reprise en main par l'Etat algérien par le truchement du groupe Sider et du Fonds national d'investissements, qui contribueront à la recapitalisation de l'entreprise en injectant la somme de 100 millions de dollars, respectivement à hauteur de 46% et 5% alors que le groupe ArcelorMittal Annaba mettra dans la balance 56 millions de dollars. Ceci portera la participation de l'Etat à 51% du capital, le rendant ainsi majoritaire, et aura bien sûr des implications quant à la gestion du complexe. Sur ce point la feuille de route définit l'organisation managériale, précisant que la présidence du conseil d'administration de l'entreprise sera attribuée à un cadre dirigeant algérien, le staff dirigeant sera égalitairement réparti entre AMA et le Groupe Sider, 50/50 (DG, DRH …). L'investissement, auquel s'ajouteront 700 millions de dollars du plan de développement financé par la BEA, sera orienté vers la mise à niveau technologique en acquérant des installations de dernière génération et en procédant au revamping des installations clefs du complexe (haut fourneau, aciéries à oxygènes, laminoirs etc.). Cette reprise en main du complexe sidérurgique par l'Etat assurera une balance devises positive, créera des emplois qualifiés et durables et donnera lieu à la mise en place d'un centre de formation, de développement des compétences techniques et managériales permettant d'assurer l'émergence des talents et leur relève. L'objectif visé est de transformer le complexe en une usine de production pérenne pour l'intérêt de tous (actionnaires, salariés, sous-traitants) et par conséquent pour l'économie algérienne. M. R.