Par Amar Rafa Bien qu'ayant raté le coche du printemps arabe, le MSP ne désespère pas d'arriver au pouvoir en Algérie. Son nouveau dirigeant, Abderrazak Mokri, a annoncé qu'il se préparerait à cette éventualité par la mise en place d'un «gouvernement» au sein du parti, sous la forme de commissions parallèles à chaque ministère. En lançant de violentes diatribes au système en place qu'il accuse d'autoritarisme et d'être à l'origine de tous les maux, y compris de la corruption, Abderrazak Mokri s'est dit convaincu que son parti serait à même de réaliser «l'équilibre» des pouvoirs, dans le cadre d'«une concurrence loyale». A l'ouverture d'une session extraordinaire du conseil consultatif (Majliss Echoura), au cours de laquelle il a présenté la composante de son bureau exécutif national, le nouveau chef de file du MSP a usé d'un langage pédagogique devant ses ouailles pour expliquer que son objectif, à l'instar de tout parti, est le développement économique du pays par le biais de la mise en œuvre de son programme. Mais, que ce but était contrarié par l'instabilité et l'absence de liberté. Mokri a indiqué que «le plus grand acquis des révolutions arabes n'était pas la montée des islamistes, mais les libertés». Aussi, devait-il mettre au rang de ses priorités celle d'«atteindre la liberté, mais dans la paix et la stabilité», a-t-il dit, en insistant sur le fait que, «contrairement aux autres pays arabes, l'Algérie traîne une situation qui a fait 200 000 morts et qu'elle ne peut supporter de nouveau, veuves et orphelins». Il devait ensuite lancer un appel aux décideurs pour un changement pacifique, affirmant : «Je suis convaincu qu'il y a au sein des institutions de l'Etat beaucoup d'hommes qui sont pour un changement pacifique.» Dans un message sibyllin Mokri a invité le pouvoir, en outre, à «assumer ses responsabilités» et à mettre fin à la «dilution» de celles-ci. Et dans cette perspective, même en sa qualité de parti d'opposition, «le MSP aura son gouvernement, qui sera prêt, une fois que les élections seront honnêtes, à prendre les destinées de ce pays», a lancé Mokri. Et ce, avant de présenter à l'assistance, la composante de son bureau national exécutif de 12 membres, qui l'accompagnera dans sa tâche. Dans son allocution, le président élu par le 5e congrès du MSP a, d'abord abordé les «constantes» de son parti, notamment à travers ses dimensions de parti islamique, nationaliste, basé sur «le juste milieu et l'équilibre» et sur des institutions souveraines. Mokri a rappelé que son mouvement est d'essence religieuse et qu'il le demeure. Il a ajouté qu'il a été créé pour «œuvrer dans l'intérêt du pays» et de son unité, affirmant, en substance : «Nous sommes des Algériens authentiques à 100% au gouvernement et nous le resterons dans l'opposition», en dépit des pressions, a-t-il affirmé, en faisant référence dans son intervention à la déclaration du 1er Novembre pour avoir réglé la question de l'identité des Algériens. L'orateur rappellera que son parti est partisan du «juste milieu et de l'équilibre», qu'il a développé au temps de Mahfoud Nahnah, en soutenant le pays quand les fondements de l'Etat menaçaient ruine, selon ses dires. Le mouvement qu'il préside a contribué à consacrer ce principe dans le monde arabe, a-t-il rappelé en outre. Selon M. Mokri, «au MSP les institutions sont souveraines, si bien que même les hommes forts de ce pays ne peuvent lui dicter ses décisions et positions», avant d'ajouter, «nous avons donné une leçon à ceux qui voulaient nous diriger par ‘' remote control''». Mais s'agissant des variantes de son mouvement, dont fait partie la position politique, il a expliqué, que son parti est passé dans l'opposition mais n'en est pas moins nationaliste que d'autres. Et qu'en la matière une distinction est nécessaire entre pouvoir et Etat, en ce sens, que le premier doit être toujours au service du second. A noter que cette première session extraordinaire de sa plus haute instance entre deux congrès, s'est tenue sous la direction du président du conseil national, Aboubakr Bengadouda, et des vice-présidents du parti, Namane Laouer et Hachemi Djaboub, ainsi que des fondateurs, notamment Abdelhamid Medaoud. Outre la désignation des membres du bureau exécutif, elle a été réservée à la mise en place des commissions du règlement intérieur du parti et du conseil national ainsi qu'à la validation de la qualité de membre. A. R.