La Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie, a dénoncé un usage des armes chimiques dans le dernier rapport devant le Conseil des droits de l'Homme. «Il y a des motifs raisonnables de penser que des quantités limitées d'agents chimiques ont été utilisées.» Les enquêteurs font état de 4 événements (à Khan Al-Assal près d'Alep le 19 mars ; à Uteibah près de Damas le 19 mars ; dans le quartier de Cheikh Maqsoud à Alep 13 avril ; et dans la ville de Saraqeb le 29 avril) lors desquels ces agents auraient été utilisés, mais leurs enquêtes n'ont pour l'instant «pas permis d'identifier la nature de ces agents chimiques, les systèmes d'armes employées ni qui les a utilisés». Ils examinent aussi d'autres incidents, certains plus récents. Le rapport couvre la période allant du 15 janvier au 15 mai. «Nous avons des interviews de victimes, de réfugiés (...) et de personnel médical», a expliqué le président de la Commission, le Brésilien Paulo Pinheiro. Il a par ailleurs indiqué s'être rendu à Paris la semaine dernière pour demander aux autorités françaises qu'elles transmettent à la Commission les résultats des analyses des échantillons rapportés de Syrie par les journalistes du Monde. La Commission, tout comme quelques ambassadeurs dont ceux de l'Union européenne et du Brésil, a demandé mardi au gouvernement syrien d'autoriser la commission d'enquête sur les armes chimiques, mise en place par le Secrétaire général de l'ONU à se rendre sur place. Le pouvoir syrien a accusé les rebelles d'avoir utilisé des armes chimiques à Khan Al-Assal le 19 mars et demandé une enquête de l'ONU. Mais il a ensuite rejeté l'intention de l'ONU d'envoyer une mission sur l'ensemble du territoire syrien. La Syrie a rejeté le rapport des enquêteurs le jugeant déséquilibré, tandis que l'ambassadeur russe devant l'ONU a assuré que la Syrie était toujours disposée à ce que les inspecteurs viennent à Khan Al-Assal. Pour la magistrate suisse Carla del Ponte, membre de la Commission d'enquête, «il ne faut pas faire de ces épisodes une histoire plus grande que ce qu'elle est» en comparaison avec le nombre global de victimes du conflit. La Commission souligne que «crimes de guerre et crimes contre l'humanité sont devenus une réalité quotidienne en Syrie», citant notamment l'usage d'armes chimiques, des massacres et l'usage de la torture. Les enquêteurs ont dénoncé l'envoi d'armes en Syrie, notant qu'elles pouvaient servir à commettre des crimes contre l'humanité. Par ailleurs, le président russe Vladimir Poutine a déclaré hier, que Moscou n'avait pas «pour l'instant» livré de missiles S-300 à la Syrie pour ne pas «rompre l'équilibre des forces» dans la région, et mis en garde contre toute intervention militaire. A l'issue d'un sommet Russie-UE dans l'Oural, M. Poutine a déclaré que le contrat de livraison à Damas de ces armements sophistiqués, signé «il y a plusieurs années», n'avait «pas été mis en œuvre pour l'instant». «C'est bien sûr un armement sérieux. Nous ne voulons pas rompre l'équilibre des forces dans la région», a souligné M. Poutine, qui s'exprimait aux côtés du président du Conseil de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, au cours d'une conférence de presse à Ekaterinbourg. Ces déclarations interviennent quelques jours après que le président syrien Bachar al-Assad eut laissé entendre qu'il avait reçu de tels missiles sol-air sophistiqués, équivalents des Patriot américains. Vladimir Poutine, dont le pays est le principal soutien du régime de Damas, a également estimé «que toute tentative d'influer sur la situation en Syrie par la force, par une ingérence militaire, était vouée à l'échec et entraînerait de lourdes conséquences humanitaires». Moscou accuse de son côté l'UE d'avoir encouragé l'opposition syrienne à refuser toute solution de paix en levant la semaine dernière son embargo sur les livraisons d'armes aux rebelles. Dans son dernier rapport publié mardi, la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a relevé que les «crimes de guerre et crimes contre l'humanité étaient devenus une réalité quotidienne», citant notamment l'usage d'armes chimiques, des massacres et le recours à la torture. M. N.