Les Etats-Unis envisagent de fournir des armes à l'opposition armée en Syrie, ce qui marquerait un virage dans la position du président Barack Obama qui a résisté aux appels d'armer directement les rebelles syriens en se limitant à fournir des aides non létales dont le montant a atteint les 250 millions de dollars. Même si le chef de la Maison-Blanche n'a pas encore pris une décision définitive sur cette question, la porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Caitlin M. Hayden, a indiqué que l'aide américaine à l'opposition syrienne avait été mise ''sur une trajectoire ascendante", précisant que le président américain a chargé son équipe de sécurité nationale d'identifier ''des mesures supplémentaires afin que les Etats-Unis puissent continuer à augmenter leur aide" à la rébellion syrienne. "Nous continuons d'examiner toutes les options possibles qui permettraient d'atteindre notre objectif d'accélérer la transition politique'' en Syrie, a-t-elle fait savoir. Cette nouvelle déclaration est intervenue après que le président américain ait indiqué mardi, lors d'une conférence de presse, qu'il y avait ''des preuves que des armes chimiques ont été utilisées en Syrie mais sans savoir comment elles ont été utilisées, ni quand et par qui'', alors que le gouvernement syrien a réitéré sa détermination à ce qu'une enquête impartiale soit menée sur de tels incidents. M. Obama a également suggéré qu'il n'envisageait pas une action unilatérale américaine en précisant que si l'utilisation d'armes chimiques se confirmait, "ce serait un changement de jeu non seulement pour les Etats-Unis, mais pour la communauté internationale". Plusieurs options sur la table, John Kerry prochainement en Russie. Mais même sans preuve concluante de l'utilisation d'armes chimiques, le département américain de la Défense aurait élaboré plusieurs options pour M. Obama, qui vont des frappes aériennes et des raids de commandos à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne sur la Syrie, selon des officiels américains cités par New York Times. M. Obama a longtemps résisté aux appels pour armer les rebelles syriens en soutenant que la fourniture d'armes ''militarisera davantage ce conflit" et que ces armes pourraient tomber entre les mains des groupes radicaux, dont notamment les missiles portables, MANPAD, qui pourraient être utilisés contre des avions civils. Le président américain aurait l'intention de prendre une décision définitive dans les prochaines semaines avant une réunion prévue en juin avec son homologue russe Vladimir Poutine, tandis que son secrétaire d'Etat, John Kerry, devra effectuer la semaine prochaine une visite en Russie pour discuter du dossier syrien. Marquant de la prudence, le chef d'état-major interarmées américain, Martin Dempsey, a, quant à lui, déclaré mardi à la presse qu'il ne recommandait pas une intervention militaire en Syrie en mettant en doute qu'une action militaire puisse stabiliser la Syrie. La Syrie disponible pour une enquête crédible et impartiale Par ailleurs, lors d'une conférence de presse tenue mardi au siège de l'ONU, le représentant syrien aux Nations unies, Bachar Jaafari, a déclaré que la Syrie était ''déterminée à ce qu'une enquête crédible, impartiale et indépendante soit menée prioritairement sur les incidents et l'utilisation d'armes chimiques'' dans la localité de Khan al-Assal, à Alep, le 19 mars dernier. Pour M. Jaafari, il faut enquêter, en premier lieu, sur les incidents de Khan al-Assal, et ensuite ''si le gouvernement syrien, le Secrétaire général de l'ONU et les membres du Conseil de sécurité estiment que d'autres allégations sont crédibles, la Syrie pourrait examiner la possibilité de demander d'autres enquêtes''. Le représentant syrien a fait valoir que son gouvernement avait ''un problème de confiance'' vis-à-vis de ceux qui lancent des allégations sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, car, a-t-il poursuivi, ''ce sont les mêmes pays qui favorisent l'expansion de groupes terroristes, en Syrie, et qui fournissent des armes aux groupes armés''. ''Les informations dont disposeraient la France, le Royaume-Uni ou le Qatar n'ont été transmises ni au Secrétariat, ni aux membres du Conseil de sécurité et encore moins à la Syrie'', a fait remarquer le représentant. Ces pays, a-t-il ajouté, ''demandent une enquête sans mentionner les dates précises ou les lieux exacts des incidents et ont attendu plusieurs mois avant de faire part de leurs informations, tandis que la Syrie a demandé l'aide et une enquête rapide de l'ONU à peine 18 heures après les crimes commis à Khan al-Assal''. M. Jaafari est revenu sur, ce qu'il a appelé les ''très monstrueuses manipulations" qui avaient été commises dans le dossier des armes chimiques en Irak avant son invasion par les Etats-Unis en 2003. A ce propos, il a observé que ''les enquêtes ont coûté très cher aux Irakiens et ont monopolisé les ressources des Nations unies pendant plusieurs années pour qu'après 18 années d'enquête, rien ne soit trouvé et que cette issue tragique soit enfouie dans un dossier spécial et scellé''.