La communauté internationale, notamment l'Europe, ne veut pas d'une conférence sur la Syrie alors que l'armée régulière enregistre de nouvelles avancées. L'affaiblissement de l'opposition syrienne repose notamment sur la France et la nécessité de livraisons d'armes à la rébellion. Ces pressions françaises, même si les grandes puissances affirment n'avoir pas encore pris de décision, visent à bloquer l'avancée de l'armée syrienne mais aussi pousser vers une surmilitarisation du conflit. Washington, Paris, Londres, Ankara, Ryad ne cessent de se concerter sur le sujet. La France a mis en branle son arsenal médiatique pour ouvrir la voie à une intervention étrangère sinon des livraisons d'armes. Les offensives sur Homs (Centre) et Alep (Nord), la deuxième ville du pays, ne font qu'accentuer l'affolement de ceux qui veulent destituer Assad quel qu'en soit le prix à payer par le peuple syrien. «Il faut qu'on puisse arrêter cette progression, avant Alep», a lancé hier matin, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, dont le porte-parole avait jugé la veille que la guerre en Syrie atteignait «un tournant». Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a reporté une tournée au Proche-Orient pour des réunions consacrées à la Syrie et reçoit ce mercredi à Washington son homologue britannique William Hague. Laurent Fabius s'est entretenu mardi au téléphone avec MM. Kerry, Hague, son homologue turc Ahmet Davutoglu, et a rencontré lundi son homologue saoudien Saoud al-Faycal. En filigrane de toutes ces consultations : la question récurrente de la livraison d'armes à l'opposition syrienne. Le président américain Barack Obama, opposé jusqu'à présent à cette éventualité en raison de la présence de groupes djihadistes en Syrie, a toutefois demandé cette semaine à son «équipe de sécurité nationale d'examiner toutes les options possibles» pour aider l'opposition. «Toutes les options, sauf celle de troupes au sol, sont sur la table», a précisé la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. Londres et Paris, les deux capitales qui ont poussé à la levée de l'embargo européen sur les armes fin mai, affirment ne pas avoir encore pris de décision. Les pays européens se sont engagés à surseoir à toute livraison jusqu'au 1er août, pour laisser une chance à un processus diplomatique qui prend chaque jour plus de plomb dans l'aile. Mais, Paris affirme que cet engagement jusqu'au 1er août n'est pas juridiquement contraignant. Jusqu'à présent, les puissances occidentales ont affirmé que leurs livraisons de matériel «non létal», comme des équipements de communication, des lunettes de vision nocturne, des gilets pare-balles, les livraisons d'armes étant restées l'apanage du Qatar et de l'Arabie saoudite. Mais «il faut un rééquilibrage», a souligné mercredi M. Fabius, «parce qu'au cours des dernières semaines, les troupes de Bachar al-Assad et surtout le Hezbollah et les Iraniens, avec les armes russes, ont repris un terrain considérable». «S'il n'y a pas de rééquilibrage sur le terrain, il n'y aura pas de conférence de la paix à Genève», a-t-il estimé, alors que l'initiative diplomatique de Washington et Moscou pour ouvrir des négociations entre les belligérants est actuellement dans l'impasse. R. I.