Transgression - La France et la Grande-Bretagne pourraient fournir des armes à l'opposition syrienne en dépit de l'embargo européen. C'est ce qu'a annoncé ce matin sur les ondes de France Info le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius. «La France et la Grande-Bretagne demandent aux Européens, maintenant, de lever l'embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre», a déclaré le chef de la diplomatie française. L'objectif, selon des responsables français qui ont requis l'anonymat, est de fournir notamment à l'opposition syrienne des missiles sol-air pour contrer les attaques des avions et hélicoptères de l'armée syrienne. Hier mardi, le Premier ministre britannique David Cameron avait déclaré que Londres envisageait la possibilité de contourner l'embargo sur les livraisons d'armes à la Syrie. «On se concerte en permanence (avec la Grande-Bretagne), et sur cette question-là nous avons des positions identiques», a déclaré le chef de la diplomatie française. Selon lui, en l'absence de position internationale commune sur la levée de l'embargo, la France et la Grande-Bretagne pourraient procéder unilatéralement à des livraisons d'armes aux anti-Assad. Toujours d'après M. Fabius, lever l'embargo constitue «un des seuls moyens qui restent» pour «faire bouger politiquement» la situation en Syrie. Une option que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait tôt fait de qualifié hier après l'annonce britannique de «violation de la loi internationale». «La loi internationale n'autorise pas, ne permet pas de fournir des armes à des acteurs non gouvernementaux et, selon nous, il s'agit d'une violation de la loi internationale», a déclaré M. Lavrov. Le chef de la diplomatie russe s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue britannique, William Hague, et les ministres britannique et russe de la Défense des deux pays, Philip Hammond et Sergueï Choïgou. «Le processus engagé avec le printemps arabe n'est pas terminé. Nous ne savons pas qui va recevoir les armes et comment ces personnes vont les utiliser», a rétorqué M. Lavrov. Plusieurs membres de l'UE, notamment l'Allemagne, restent très réticents à l'idée de lever l'embargo sur les armes, jugeant qu'il y en a déjà assez en Syrie et qu'une telle mesure ne pourrait qu'aggraver le conflit. Le mois dernier, les ministres des Affaires étrangères de l'UE, divisés sur le bien-fondé du maintien de l'embargo, l'avaient assoupli en autorisant la livraison aux opposants de matériel non létal. Londres avait peu après annoncé l'envoi de véhicules et de gilets pare-balles aux rebelles. M. Lavrov a, à l'issue de cette rencontre, de nouveau appelé l'opposition à nommer des négociateurs pour discuter avec le régime, en réitérant que «le sort de Bachar al-Assad devait être décidé par les Syriens eux-mêmes».