Le sommet de Monterrey a été un échec en ce sens qu'il n'a pas atteint les objectifs qu'il s'était assignés en 2002. Il les réalisera d'autant moins aujourd'hui que la crise financière internationale a atteint des proportions alarmantes menaçant l'existence même de certains pays pauvres. Le G 20 n'est pas sorti avec des miracles. A quoi servirait donc la réunion à huis clos qui a regroupé hier au milieu de l'après-midi l'émir du Qatar aux neuf chefs d'Etats et ministres des Affaires étrangères ? Rencontré dans les coulisses de l'hôtel Four Seasons, à Doha où se tenait ladite réunion, Karim Djoudi, ministre des Finances ne semblait pas pessimiste. «Il faut relativiser, nous dira-t-il. La crise financière mondiale touche beaucoup plus les pays pauvres. Il s'agit pour nous, aujourd'hui, d'examiner les voies et moyens de sortir de ce marasme en y associant tout le monde.» A la question de savoir si la solution résidait dans la restructuration des institutions de Breton Woods, notre ministre des Finances dira qu'il faut «certainement revoir la configuration de ces structures onusiennes, mais aussi de l'Organisation mondiale du commerce». Et Karim Djoudi d'ajouter qu'il ne fallait pas perdre de vue que les coûts des matières premières (pétrole – NDLR) ont sensiblement chuté, ce qui n'est pas sans conséquences sur les pays exportateurs. D'où la nécessité absolue de «réguler le marché international, surtout que les aides au développement et les investissements directs étrangers se sont réduits». L'absence de pessimisme du premier argentier de l'Algérie était loin d'être partagée par le représentant permanent du Qatar aux Nations-unies qui nous indiquera que la réunion à huis clos a été provoquée par Ban Ki-moon en personne en raison de l'aggravation de la crise financière mondiale. «Elle a pour objectif de tracer un plan de travail à travers les appareils financiers onusiens, tels que l'OMC, le FMI et la Banque mondiale», dira encore Nacer Abdelaziz Enasr, avant de renchérir en indiquant que Monterrey «n'a pas donné les résultats escomptés par le formidable consensus que nous avons réalisé. Aussi, le sommet international sur le financement du développement discutera de la crise qui influe sur les pays les plus pauvres, auxquels nous lançons ce message : ‘N'ayez pas peur, le monde est avec vous, on ne vous abandonnera pas ! ». Sauf que l'ambassadeur ne dira pas comment ces pays vont retrouver, ne serait-ce qu'un semblant d'équilibre et survivre, quand bien même ils sont cette fois-ci à un grand sommet comme celui qui débute aujourd'hui.