De mal en pis. L'expression n'aura sans doute jamais collé aussi bien à la situation de l'industrie automobile comme c'est le cas aujourd'hui en ces temps de crise qui sévit sur la planète financière. Chute des ventes et prévisions faussées : les effets de la crise sont les mêmes chez la majorité des constructeurs. La riposte aussi, allant de la réduction drastique de la production chez ces derniers aux fermetures temporaires d'usines en passant par la mise au chômage de personnel ou encore des ajournements de projets de partenariat. Des mesures économiquement et socialement douloureuses, et qui ne semblent pas pour autant suffire pour sauver réellement les constructeurs concernés et les mettre à l'abri du spectre de la faillite qui plane sur leurs équilibres financiers. D'où l'appel au secours lancé aux autorités publiques dans l'objectif de décrocher des plans d'aide aptes à remettre les usines sur les rails et éviter le pire pour une industrie considérée depuis longtemps comme l'un des piliers de l'économie des pays développés aussi bien pour ce qu'elle produit et rapporte financièrement que par sa gigantesque offre pour le marché de l'emploi. Aux Etats-Unis, General Motors, Ford et Chrysler sont touchés de plein fouet par la crise et risquent la faillite. L'enveloppe de 25 milliards de dollars de prêts engagée par le Congrès, en septembre dernier, s'avère insuffisante pour leur repêchage et pousse les trois grands à faire encore pression sur le gouvernement pour obtenir une aide supplémentaire pour le secteur. Une nouvelle tranche de 25 milliards est en discussion au Congrès. Des représentants du secteur automobile prévoient de conduire, début décembre à Washington, un convoi de véhicules économes en carburant de marques américaines pour inciter le Congrès à voter un plan de sauvetage pour les trois grands constructeurs américains. Les participants à ce projet, concessionnaires, fournisseurs et syndicalistes du secteur automobile, entendent rassembler des soutiens pour ce plan de sauvetage réclamé aux parlementaires. L'effondrement du secteur automobile serait dévastateur sur l'ensemble de l'économie américaine, avec près de 3 millions d'emplois, directs et indirects, perdus. En Europe, le secteur automobile, l'un des premiers employeurs privés du continent, est confronté à la plus forte baisse des ventes depuis quinze ans, obligeant les constructeurs à réduire leur production. Une situation «très critique», selon le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui présentait la semaine dernière un plan de relance. Lequel plan devra emprunter la voie écologique et permettre à la voiture «verte» d'y participer pleinement. Dans ce sens, Bruxelles a lancé la semaine dernière une «initiative européenne» de 5 milliards d'euros pour produire des voitures plus «vertes». Concrètement, la Commission européenne veut des voitures moins polluantes et plus sûres. Une initiative qui sera co-financée à hauteur de 5 milliards d'euros par des fonds européens, la Banque européenne d'investissement (BEI), l'industrie et les Etats membres. La démarche de Bruxelles se démarque assez explicitement du plan de sauvetage adopté aux Etats-Unis. «Nous ne proposons pas un plan industriel à l'ancienne pour l'industrie automobile, nous pensons que c'est contre-productif de faire ce genre de chose», a martelé José Manuel Barroso. L. I.