Le déploiement, à partir de 8h20 du matin ce jeudi, d'un important dispositif policier à hauteur de la salle omnisports du Khroub avait laissé penser aux personnes présentes qu'il s'agissait d'une stratégie préventive contre d'éventuels mouvements de foule au cours de la journée dans la mesure où dans l'heure qui suivait devait se dérouler l'opération de tirage au sort des logements sociaux attribués, il y a quelques mois, et qui avait découlé sur une instabilité sociale durant presqu'une semaine en raison de la contestation violente des familles qui n'ont pas bénéficié de logement. Or, la présence policière en question se manifestait en raison d'un incendie qui a détruit une partie du marché populaire de la cité des 1 600 logements. Les témoins et autres habitants d'immeubles qui donnent sur ledit marché restent évasifs sur le moment de la prise de feu, divergeant ainsi sur 3h et 5h du matin. Quoiqu'il en soit, la Protection civile, dont l'unité d'intervention se situe à peine à 1,5km, aurait mis du temps pour arriver sur les lieux comme peuvent en attester le nombre de commerces ravagés par les flammes. Il faut également préciser que la propagation du feu a été plus que facilitée par la nature hétéroclite des matériaux avec lesquels ont été réalisés les boutiques, car il faudrait également signaler qu'en fait de «commerces» il s'agissait notamment d'excroissances nouvelles greffées d'autorité par des jeunes à hauteur de tout emplacement vide et au mépris non seulement du cahier des charges du marché, et par voie de conséquence du respect de la réglementation, mais également de sa capacité d'accueil dans des conditions minimales d'aisance et de sécurité des clients. Nous saurons sur place d'un commerçant, dont la boutique a subi les dommages collatéraux, qu'«Il s'agit pour bon nombre de repris de justice libérés ce dernier 5 juillet et qui ont mis à profit le mois de ramadhan pour se refaire momentanément une virginité et surtout gagner facilement de l'argent et peu importe le produit vendu». Nous saurons ainsi qu'effectivement certains de ces points de ventes spontanés ne serviraient que de couverture à d'autres activités interlopes comme le deal de drogue, le rabattage des prostituées et en fin de soirée à des trips collectifs. Pour les individus qui n'ont pas réussi à se débrouiller un espace à l'intérieur, les lieux étant définitivement saturés, l'aménagement à l'extérieur à l'aide de matériaux de récupération : planches, lattes de cageots, film en plastique, fil de fer, pneus, cartons…etc n'a à aucun moment été contrarié par les services concernés. «C'est ça la paix sociale que veut le gouvernement et surtout dont il en fait son orgueil en laissant croire que la prise en charge des jeunes, comparativement aux pays voisins, est un acquis social qui nous est envié», dira sans ambages un vieil homme entouré par des femmes qui parlent de l'incident comme si elles y avaient été présentes. La spéculation allant bon train au moment où la version officielle est bien loin de tenir la route. Quoi qu'il en soit sur les raisons de l'incendie, l'enquête devrait sans doute en déterminer les tenants et aboutissants quoique le court-circuit reste la piste la plus plausible en ce sens qu'il faudrait voir l'enchevêtrement de fils électriques desservant les nombreux points de vente nés dans l'urgence pour confirmer que ce qui est arrivé ne pouvait finalement….qu'arriver, d'autant plus que la rétrocession de courant n'était faite dans un but lucratif que par quelques commerçants «réguliers». A. L.