La lutte contre le trafic de carburants aux frontières a été renforcée avec une série de mesures prises le 4 juillet dernier, lors d'un Conseil interministériel (CIM), consacré à la lutte contre la contrebande. Lors de cette réunion, le Premier ministre a ordonné une série de mesures à l'institution douanière et aux services de sécurité de l'Etat pour renforcer le contrôle dans les zones frontalières concernées par ce fléau. Selon les déclarations de M. Henad Rezki, sous directeur chargé de la lutte contre la contrebande à la direction générale des douanes (DGD, à l'Agence de presse algérienne), les mesures prises courant juillet visent essentiellement à lutter contre la contrebande de carburants mais aussi de produits de première nécessité, de cheptel, et des métaux ferreux et non ferreux, précise ce responsable. Ces mesures, ajoute la même source visent le démantèlement des réseaux de trafiquants organisés et structurés, disposant de moyens de collecte, de stockage et de transport qui acheminent des milliers de litres de carburants quotidiennement vers les pays voisins. Pour les cinq premiers mois de 2013, les Douanes ont saisi 150 000 litres de carburants, dont 73 000 litres dans la wilaya de Tlemcen, mais ce qui échappe aux filets des Douanes est beaucoup plus important et difficile à quantifier, relève-t-il. L'immensité des frontières algériennes qui s'étendent sur plus de 6 000 Km a rendu difficile le positionnement sur le terrain des services des Douanes. Une entrave que le gouvernement compte lever en instruisant les services de sécurité et les Douanes de coordonner leurs actions pour mieux occuper le terrain sur les frontières. «C'est une utilisation rationnelle des effectifs de la Dgsn, des Gardes frontières (GGF), et des Douanes qui a été recommandée par le gouvernement pour resserrer l'étau sur les contrebandiers», précise M. Henad. Dans ce nouveau redéploiement tout au long des frontières, l'institution douanière va mobiliser tous ses effectifs de surveillance, selon le même responsable. Au total, 17 brigades opérationnelles mobiles, dont l'effectif s'élève à 540 agents douaniers, assureront la couverture des frontières ouest avec le Maroc, fermées depuis 1994, et d'où transitent l'essentiel des carburants. Ces brigades sont déjà déployées, selon le même responsable, à Maghnia et Ghazaouet dans la wilaya de Tlemcen ainsi que dans les wilayas de Saïda et Sidi Bel Abbès. Pour la frontière Est avec la Tunisie, l'effectif des agents chargés de cette mission de surveillance s'élève à 217 douaniers versés dans neuf brigades mobiles. Toutes ces brigades sont appelées, selon l'instruction du Premier ministre «à agir d'une manière harmonieuse et coordonnée avec les services de sécurité pour rendre les frontières moins poreuses», dira ce responsable. S'y ajoutent 3 000 autres agents qui seront recrutés pour les 79 postes de douane et de surveillance (PDS) que la DGD est en train de réaliser dans le cadre de la mise en œuvre de son plan de modernisation. Ces agents recevront une formation paramilitaire, selon M. Henad. Mercredi, le Premier ministre a appelé à partir de la ville frontalière de Tindouf les Etats maghrébins à coopérer pour sécuriser leurs frontières communes et à lutter contre le phénomène de la contrebande qui a pris selon lui «des proportions alarmantes». Les services de sécurité et des douanes sont aussi appelés à saisir systématiquement tous les véhicules dotés de cachettes aménagées pour carburant ou d'un double réservoir. Selon M. Henad, la présence d'un deuxième réservoir dans un véhicule est une forte présomption de fraude. Les directions des mines dans chaque wilaya ont été chargées dans ce sens de réaliser dans le cadre du contrôle technique des fichiers sur les véhicules à double réservoir aménagés en usine ou ceux réalisés d'une façon artisanale. Ce travail aidera les services de sécurité et des douanes à remonter aux réseaux de contrebandiers qui utilisent des véhicules à double réservoir, monté avec des moyens de fortune. Aussi, il permettra d'identifier tous les véhicules interdits à la circulation, souvent utilisés par les trafiquants dans le transport des carburants. La mesure devrait aider les services de sécurité à remonter aux propriétaires de ces véhicules non répertoriés une fois abandonnés lors des embuscades menées par les services de sécurité contre ces contrebandiers, enchaîne M. Henad. «Identifier tous les véhicules circulant dans ces régions frontalières est une bataille gagnée pour le renseignement douanier et sécuritaire», dira-t-il à ce propos. A noter que le chef de l'exécutif préconise également le contrôle au niveau des stations-service. Les modalités de présence des services de sécurité et des douanes au niveau de ces points de vente de carburant n'ont, toutefois, pas encore été arrêtées. Les gérants de ces stations-service seront instruits pour refuser de servir du carburant aux propriétaires de véhicules à double réservoir ainsi que de vendre de l'essence en vrac dans des jerricanes. Les «faux agriculteurs» qui alimentent les contrebandiers en grandes quantités de gasoil seront mis sous la loupe des services de sécurité et des douanes qui vont multiplier les enquêtes et les contrôles sur leurs activités frauduleuses. Une opération qui sera mise à exécution avec la contribution du ministère de l'Agriculture. M. N./APS