De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le mois de Ramadhan s'apprête à tirer sa révérence avec toutes ses conséquences fâcheuses sur les budgets des familles algériennes. Ces dernières ne sont pourtant pas sorties de l'auberge puisque la fête de l'Aïd el Fitr pointe du nez et annonce déjà de nouvelles dépenses insupportables pour les petites bourses. Pire encore, moins d'un mois plus tard c'est la rentrée scolaire avec son lot de fournitures scolaires et de livres, qui attend ces mêmes familles. Pour les achats de la fête de l'Aïd, les magasins de Tizi Ouzou se sont approvisionnés en marchandises depuis un certain temps déjà, contrairement aux années précédentes quand les commerçants attendent la deuxième quinzaine du mois de Ramadhan pour exposer leurs nouveaux produits. Cela dans le but d'éviter les grandes bousculades que cette période provoque dans les magasins, particulièrement ceux spécialisés dans l'habillement et la chaussure. Il faut reconnaître cependant que cette anticipation n'a pas eu l'effet escompté puisque cette quatrième semaine du mois de Ramadhan a connu un rush des familles vers les magasins de vêtements. Mais au-delà de cet aspect, le problème le plus sérieux que rencontrent les parents à Tizi Ouzou reste le prix des produits proposés à la vente dans les commerces. Une simple tenue se négocie entre 4 000 et 7 000 dinars, et ce sans compter les chaussures dont le prix peut atteindre les 4 000 dinars. Il faut signaler que cette année, les habits et les chaussures ont connu une hausse des prix qui n'arrange pas les budgets des ménages, déjà malmenés par le mois de Ramadhan. Mais les parents se disent convaincus qu'ils n'ont pas le choix, puisque même les prix des produits de mauvaise qualité ont connu la même courbe ascendante, notamment en raison de la crise mondiale sévissant depuis 2007 et qui a provoqué de fortes hausses des prix de la matière première. «Même les produits chinois sont chers en ce moment», dit une dame qui dit préférer «dépenser 6 000 dinars pour un ensemble qui va durer longtemps au lieu d'acheter pour la moitié du prix des vêtements qu'on va jeter au bout de deux mois». De nombreux citoyens de la ville des genêts pensent comme cette dame, mais beaucoup d'autres sont incapables de dépenser la moitié du Snmg pour une tenue vestimentaire. Particulièrement les couples qui ont plus d'un enfant pour lesquels ils doivent débourser une fortune pour les habits de l'Aïd. Ils se rabattent sans sourciller sur les produits bas de gamme qui coûtent autour de 3 000 dinars la tenue, chaussures comprises. «Je ne peux pas me permettre des habits chers, donc, je me contente des produits chinois malgré leur piètre qualité», dit cet enseignant, père de trois enfants dont l'épouse est au chômage depuis plus de trois années. Cela, certains commerçants l'ont bien compris, d'où leur résistance devant la métamorphose que connaît le commerce de l'habillement à Tizi Ouzou où de nouvelles boutiques proposant des produits européens ou turcs fleurissent un peu partout en ville pour répondre aux exigences des familles déçues par le produit low cost. Donc le maintien des boutiques de produits chinois au même temps que l'ouverture de nouveaux magasins proposant des produits chers a permis de donner un choix plus ou moins large en matière de prix. Un choix bienvenu pour au moins une partie de la population qui s'apprête aussi à affronter les dépenses liées à la rentrée scolaire. Des dépenses qui n'iront pas en deçà des 5 000 dinars nécessaires pour l'achat des seuls articles et livres scolaires pour un seul enfant scolarisé. D'aucuns se demandent comment les familles modestes arrivent à s'en sortir avec trois ou quatre enfants. M. B.