Le nouveau président iranien, qualifié de modéré par les Occidentaux, a prêté serment devant le Parlement, réitérant les positions antérieures de l'Iran. À l'adresse des Occidentaux il signifiera que la seule façon de communiquer avec son pays était le dialogue «sur un pied d'égalité» et non avec les sanctions. Washington avait décrété de nouvelles sanctions contre l'Iran peu avant son investiture. Ainsi donc lors de sa prise de fonctions officielle Rohani promet d'agir pour lever ces sanctions injustes, imposées par les Occidentaux pour faire plaisir à Israel. Les postures politiques des capitales occidentales envers Ahmadinejad s'étaient durant deux mandats illustrées par l'agressivité et les accusations à l'emporte pièce. Aujourd'hui le nouveau président, Hassan Rohani, crédité d'ouverture au dialogue n'en est pas moins fidèle à la ligne politique de son pays. «On ne peut pas faire céder le peuple iranien sur ses droits nucléaires par les sanctions et les menaces de guerre», «La seule solution pour parler avec l'Iran est le dialogue sur un pied d'égalité» a tenu à clarifier Rohani dont l'élection avait suscité une certaine satisfaction en Occident. «Si vous voulez une réponse appropriée, n'utilisez pas le langage des sanctions mais plutôt celui du respect», lancera-t-il à l'adresse des Occidentaux. La fermeté du successeur d'Ahmadinejad semble inscrite en droite ligne avec les positions de principe de l'Iran notamment dans les questions de principes de la politique étrangère. Les puissances occidentales accusent Téhéran toujours de chercher à fabriquer l'arme nucléaire sous couvert de son programme civil. Telle une menace permanente. L'Iran aura beau afficher ses bonnes intentions rien n'y fait. La pression sur l'Iran relève de la géopolitique qui dans cette région du monde sert exclusivement Israel. L'Iran fait parti de l'axe de la résistance. Il est donc notoire que les Occidentaux voient l'Iran à travers le prisme déformant d'Israel. Dans une région où l'Etat hébreu cherche à affaiblir tous les pays qui l'entoure, l'Iran est une cible de choix. D'autant plus que le programme nucléaire iranien avance malgré les menaces récurrentes des Israéliens et Américains. Le nouveau président iranien a également tenté de rassurer les monarchies arabes du Golfe qui accusent Téhéran de s'ingérer dans leurs affaires internes. Pour certains pays du Golfe l'inquiétude envers l'Iran surpasse celle d'Israël. Un gouvernement de technocrates Le nouveau président est un proche de Khamenei, le guide suprême de la révolution. Depuis 1989, il est l'un des deux représentants du guide suprême au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale qui prend les grandes décisions en Iran. Il avait dirigé entre 2003 et 2005 les négociations nucléaires avec la troïka européenne. Il avait alors accepté de suspendre l'enrichissement d'uranium et d'autoriser un plus grand contrôle du programme nucléaire iranien. Le septième président de la République islamique d'Iran a présenté un gouvernement de technocrates expérimentés. Un cabinet qui aura pour priorités de redresser l'économie. La plupart des ministres choisis ont déjà servi dans les gouvernements de l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani et du réformateur Mohammad Khatami. Bijan Namdar Zanganeh, ministre du Pétrole sous Mohammad Khatami, retrouve ce portefeuille. Il avait su tisser de bonnes relations avec les partenaires de l'Iran au sein de l'Opep. Figure aussi dans la liste l'ex-ambassadeur d'Iran auprès de l'ONU Mohammad Javad Zarif, qui prend les Affaires étrangères. Ce dernier avait joué un rôle actif dans les négociations nucléaires. Hassan Rohani s'est aussi montré ouvert. Il a d'abord insisté sur l'importance de l'accès à l'information des Iraniens, puis en juillet dernier, il a exhorté ses compatriotes en exil à revenir sans crainte dans leur pays. Mais l'attention est concentrée sur le dossier controversé du nucléaire. Cela fait dix ans que des discussions ont été lancées, sans résultats. Les pressions des Occidentaux via l'Aiea ont pour objectif la limitation des Iraniens dans leurs droits au nucléaire. Alors qu'Israël non signataire du TNP et qui détiens des centaines de têtes nucléaire sur des missiles près à l'emploi n'est nullement inquiété. Israël ne cache pas son bellicisme envers l'Iran. Le 14 juillet dernier, le Premier ministre israélien avait averti sur une télévision américaine qu'Israël pourrait intervenir militairement avant les Etats-Unis contre le programme nucléaire iranien, qualifiant Rohani de «loup déguisé en mouton». Le nouveau président iranien avait accusé «Israël de maintenir sa nature agressive». A l'occasion de la journée d'Al Qods le nouveau président iranien réitère sa position de principe envers la Palestine. «Cette journée est là pour rappeler que le peuple musulman n'oublie jamais son droit historique. Il ne l'oubliera pas et résistera toujours face à l'injustice et l'agression». L'allusion est à peine voilée à la relance récente, à Washington, des négociations de paix, biaisés au départ, entre Israël et l'Autorité palestinienne. Cette cérémonie, célébrée tous les ans depuis la révolution de 1979, au dernier vendredi du mois du Ramadhan, est le signe de la constance dans le soutien à la cause palestinienne. M. B.