Jamais l'Egypte n'a été aussi divisée qu'elle ne l'est depuis la répression qui s'est abattue sur les manifestants qui revendiquaient le retour à la légalité des urnes. Entre les deux camps, l'abysse de sang ne fait que s'élargir. L'irréparable semble avoir été commis. Les militants de la confrérie, qui campaient sur les places publiques depuis la destitution du président Mohamed Morsi, restent déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation. Ils ont appelé à des manifestations tous les jours, avant d'en annuler un certain nombre pour «des raisons» sécuritaires». Les forces de sécurité, régis par la loi d'urgence depuis mercredi dernier, sont autorisées à tirer dans le tas si les circonstances les contraints à le faire. En face, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée égyptienne, qui n'a pas fait de déclaration depuis le 14 août, s'est montré intraitable hier. Lors d'une réunion avec les principaux chefs de police, le général a soutenu que l'Egypte ne «plierait» pas devant la violence des islamistes, lors d'une réunion avec les principaux chefs militaires et de la police. «Quiconque imagine que la violence fera plier l'Etat et les Egyptiens doit revoir sa position, nous ne resterons jamais silencieux face à la destruction du pays», a assuré le général al-Sissi. Le chef de l'armée a tenu ces propos lors de la réunion d'une centaine d'officiers supérieurs de l'armée et de la police, ainsi que du ministre de l'Intérieur, Mohammed Ibrahim. La communauté internationale ne condamne, dans les faits, le carnage que de manière formelle. Histoire de garder sauves ses «valeurs» démocratiques et républicaines. Alors que l'UE se dit prête à revoir ses positions par rapport à l'Egypte si les violences ne cessaient pas, des sénateurs américains, dont l'influent républicain John McCain, ont exhorté l'administration américaine à couper l'assistance militaire fournie à l'Egypte après le «massacre» de centaines de personnes lors de la répression sanglante de manifestations ces derniers jours. «Ils ont organisé un massacre», a lancé M. McCain sur CNN, en référence à la mort de plus de 750 personnes, des partisans du président déchu Mohamed Morsi pour l'immense majorité, en quatre jours parmi les plus sanglants de l'histoire de l'Egypte contemporaine. Jeudi, le président Barack Obama a annoncé l'annulation de manœuvres militaires conjointes avec l'armée égyptienne, ajoutant qu'il «condamnait avec force» les opérations des forces de sécurité sans toutefois aller jusqu'à la suspension de l'aide militaire, évaluée à 1,3 milliards de dollars. Ni lui, ni son administration ne qualifient la destitution de Mohamed Morsi, le 3 juillet, de coup d'Etat. Dans le cas contraire, la loi obligerait Washington à couper cette aide. Pas que les Etats-Unis ne franchiraient pas. Se faire un ennemi à la frontière israélienne n'arrangerait ni les affaires de Washington ni celles de Tel Aviv. L'enjeu du soutien occidental au coup d'Etat militaire du 3 juillet y trouve son explication. G. H.