Il est devenu presque vital et il est en passe de devenir dans notre pays le nerf de la guerre. Qui ne possède pas un logement ne possède rien. Le déficit n'arrête pas de se creuser en raison notamment d'une distribution inégale et des passe-droits alors que la demande ne cesse d'augmenter et se fait toujours pressante. Les pouvoirs publics ne semblent pas en mesure de juguler un problème aussi complexe que celui du logement, problème numéro un du citoyen qui reste mal logé son existence durant et qui lègue ce même problème à sa descendance. Il n'est même plus permis d'en rêver, encore moins d'y aspirer, chose qui relève désormais de l'impossible vu les prix atteints dans ce domaine. Des prix hallucinants à provoquer une syncope chez le commun des citoyens qui constate qu'une habitation affiche près de mille fois son salaire et que les quelques formules qui pourraient l'agréer - il resterait tout de même endetté toute sa vie- lui échappent elles aussi puisqu'il ne peut y prétendre s'il ne fait pas partie du cercle des favorisés et des privilégiés. Aujourd'hui, le premier responsable du secteur se penche sur la question des blocages qui freinent l'avancée des chantiers et donc la réalisation du programme quinquennal 2010-2014. Mais qui parlera de la spéculation qui s'est emparée du marché de la construction jusqu'à atteindre des proportions alarmantes et abusives ? L'anarchie et la confusion constituent désormais le mode de gestion dans ce domaine devenu la chasse gardée de requins dont rien ni aucune autorité ne semblent en mesure d'arrêter la voracité. De la tension intentionnelle sur le ciment -comment expliquer l'arrêt de plusieurs cimenteries en même temps pour «entretien»- au trafic sur la qualité des matériaux de construction, la boucle est bouclée. Le CTC est monté au créneau ces derniers jours pour tirer la sonnette d'alarme et attirer l'attention des pouvoirs publics quant au non respect des normes de construction de la part d'entrepreneurs. Du béton mal préparé utilisé dans les chantiers et du ciment mélangé à du sable et à du tout-venant, une arnaque qui pourrait coûter cher en vies humaines. L'épisode du séisme de mai 2001 n'est pas oublié. Qui entendra la mise en garde du CTC ? Attendra-t-on que l'irréparable se (re)produise pour réagir ? Les promoteurs dénoncent de leur côté l'absence de normes de conformité sur des matériaux de construction. C'est dire que le contrôle fait défaut. Loger les citoyens et préserver leur vie, un défi difficile à relever ? Pour l'heure, les Algériens scrutent avec envie, mais aussi avec dépit, l'émergence d'immeubles qu'ils ne leur seront pas permis d'habiter. R. M.