A l'ombre de menaces de frappes américano-françaises contre la Syrie, le dossier du nucléaire iranien est à nouveau sur la table de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). Son directeur, le Japonais Yukiya Amano, a invité hier la nouvelle équipe au pouvoir à Téhéran à un travail constructif, tout en qualifiant «d'urgent et d'essentiel» la levée par l'Iran des inquiétudes sur son programme nucléaire. «Etant donné la nature et le nombre d'informations crédibles à disposition de l'agence concernant une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien, il est toujours urgent et essentiel que l'Iran coopère avec nous sur le fondement de nos inquiétudes», a déclaré M. Amano à Vienne. Si le Japonais avait il y a trois mois exprimé sa lassitude en dénonçant un dialogue qui tourne en rond avec l'Iran, il a cette fois utilisé un langage nettement plus mesuré après les signes d'apaisement en provenance du nouveau gouvernement du président Hassan Rohani et avant la reprise des négociations entre les deux parties, prévues dans la capitale autrichienne la fin de ce mois. L'agence, a-t-il souligné, reste prête à «travailler de façon constructive avec l'Iran, sous le nouveau gouvernement du pays, afin de résoudre les questions en suspens par des moyens diplomatiques». Dans ce sillage, il exhortera le pays à «apporter, sans plus attendre, une réponse substantielle» aux questions de l'agence portant sur le site militaire de Parchin. Dans un rapport en novembre 2011, l'Aiea avait publié un faisceau d'éléments indiquant que l'Iran avait travaillé à la mise au point de l'arme nucléaire avant 2003. Les discussions entamées entre les deux camps depuis visent à mettre au point un accord permettant aux inspecteurs de l'agence onusienne de vérifier si ces soupçons sont fondés ou non. Les gouverneurs des 35 pays membres de l'Aiea, réunis à huis clos jusqu'à vendredi, devraient se montrer moins critiques envers l'Iran, afin de laisser au nouveau gouvernement la chance de concrétiser ses paroles conciliantes par des actes, estiment des diplomates à Vienne. Soucieux de négocier un allègement des sanctions internationales qui étranglent l'économie du pays, M. Rohani s'est dit prêt à mener «des discussions sérieuses» sur le nucléaire, tout en réaffirmant le droit de la République islamique à enrichir de l'uranium pour la production d'électricité ou à des fins médicales. Il a complètement renouvelé l'équipe de négociateurs sur les questions nucléaires. Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a hérité de ce dossier épineux. Il aura la difficile tâche de superviser le 27 septembre prochain la onzième rencontre entre l'Iran et l'Aiea. Le prochain conseil des gouverneurs en novembre sera donc l'occasion de faire le point et, si besoin est, de hausser à nouveau le ton, estiment des diplomates. Les grandes puissances persistent à accuser l'Iran, malgré ses dénégations répétées, de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme civil, en particulier grâce à ses activités d'enrichissement. M. S. / Agences