Par Karima Mokrani L'appel du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest-Elargi) à une grève illimitée -le syndicat utilise plutôt l'expression «grève d'une journée reconductible»- n'a pas drainé grande foule parmi le corps des enseignants dans les trois paliers à Alger. Dans les autres wilayas du pays, le taux de suivi est beaucoup plus important notamment à Constantine, Tizi Ouzou et Annaba. Dans des établissements d'Alger-Centre, les cours ont été assurés à 100%. «Ils ne font pas la grève eux, ils sont riches», ironise une fille, à la sortie du lycée les frères Barberousse (ex-Delacroix). Pas de grève, non plus, au lycée Rouchaï Boualem, à Belouizdad. Ni à l'établissement El Ouartilani, au Ruisseau. «Non, il n'y a pas de grève. Nous avons eu tous les cours», rapportent deux lycéennes, se dirigeant vers un fast-food de la localité. A Dely Brahim, Ben Aknoun, Bir Mourad Raïs, Chéraga et d'autres localités de l'ouest de la capitale, rien n'indique un quelconque mouvement de grève dans les établissements scolaires. Habituellement, les rues étaient envahies par des lycéens et des bambins de différents âges, profitant des journées de grève pour se permettre des sorties en groupe ou en famille. Ce n'était pas le cas hier. Contacté par téléphone, le porte-parole du Cnapest, Nouar Larbi, indique que le mouvement a été largement suivi dans un grand nombre de wilayas du pays, y compris à Alger. Le syndicaliste avance un taux de suivi de 60% à 80% à Alger-est (les autres n'étaient pas encore disponibles) et entre 85% et 90% au niveau national. En revanche, dans les établissements du moyen et du primaire, le suivi est très faible, selon ses propres dires : «Seulement 20% dans le moyen et moins de 10% dans le primaire.» Cela trouverait son explication dans le fait que le Cnapest ne s'est élargi aux enseignants des deux paliers que récemment. Son représentant affirme que depuis le dépôt du préavis de grève, il y a 8 jours, il n'y a aucun contact avec les services du ministère : «Ni satisfaction de nos revendications ni invitation à la négociation.» Pourtant, le ministère a reçu, dimanche, des représentants des syndicats de l'éducation. «C'est cela le piège. C'est de la manipulation et une manipulation malsaine. Pourquoi il ne l'a pas fait avant? En plus, il a invité tous les syndicats, alors que c'est le Cnapest qui a appelé à la grève et il a exigé un seul représentant de chaque syndicat». «Ce qui est aussi à relever, c'est qu'il s'agit seulement d'une réunion d'information et non pas de négociation du moment que nous avons déjà engagé le processus de grève», s'indigne le syndicaliste. Nouar Larbi affirme ne pas avoir répondu favorablement à l'invitation du ministère : «Nous avons répondu par la négative pour des raisons évidentes pour tous. Même les autres syndicats, ayant répondu oui, ont dénoncé les agissements de la tutelle.» La grève entamée hier se poursuivra aujourd'hui. Autrement dit, la grève sera reconduite pour une autre journée pour reprendre les termes du Cnapest. Il y a risque de pourrissement. D'autres syndicats pourraient se joindre au mouvement du moment que les revendications exprimées sont toutes les mêmes pour le corps enseignant. «Nos revendications ne sont pas celles de syndicalistes mais celles de tous les enseignants», tient à souligner le porte-parole du Cnapest. Le ministère affirme que les portes du ministère restent ouvertes pour tous ses partenaires et que tous ensemble œuvrent pour la stabilité professionnelle, éducative et sociale pour tous. Le Cnapest dément cela. K. M.