Après le secteur de l'éducation, c'est au tour de celui de la santé d'entrer en grève. Cinq syndicats membres de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la fonction publique ont appelé à un débrayage qui a pris effet hier, et qui devrait durer jusqu'à mercredi. Le taux d'adhésion a varié hier en première journée d'un établissement à un autre et d'une wilaya à une autre, tel que l'ont rapporté notre journaliste et nos correspondants. Au-delà du suivi ou non de ce mouvement et même si les revendications de la corporation médicale sont légitimes, c'est le fait de vouloir paralyser des infrastructures hospitalières et des établissements publics de santé de proximité pendant toute une semaine, et de manière répétitive, qui interpelle les consciences. Vouloir porter à bras-le-corps des revendications jusqu'à leur aboutissement est tout à fait normal. Inciter les pouvoirs publics à ouvrir des négociations est également normal et légitime. Mais prendre des malades en otages relève presque de l'inconscience et jette le doute sur la rigueur professionnelle de la corporation médicale. On ne peut pas appeler autrement cette manière d'agir, même s'il n'est pas dans l'esprit de celle-ci (la corporation) de nuire aux malades. Les pathologies n'attendent pas pour progresser et la souffrance ne se met pas entre parenthèses le temps d'une grève. Les citoyens aux petites bourses n'ont pas d'autre alternative que le recours aux hôpitaux et aux établissements publics de santé de proximité pour se soigner. Nombreux sont les malades qui ne peuvent pas se permettre une consultation dans un cabinet privé et qui vont jusqu'à mettre de côté l'ordonnance médicale faute de moyens. Des malades viennent de l'intérieur du pays, et le seul fait de se retrouver dans les infrastructures hospitalières des grandes villes les soulage quelque peu, persuadés qu'ils sont d'y trouver les équipements et les spécialistes qui les guériraient. «Fermer» les portes de ces infrastructures pendant 5 jours signifie l'angoisse des patients face à la perte de temps. Les syndicats ayant appelé à la grève ont certainement donné des directives pour qu'un service minimum soit assuré. Mais dans les faits, peu de «blouses blanches», toutes qualifications confondues, y adhèrent. Combien de personnes se sont vues renvoyées par un «nous sommes en grève» sec et impersonnel, à chacune des grèves initiées dans ce secteur. Le mouvement a été élargi aux contrôles médicaux qui ont été annulés après avoir été programmés. Il est permis de s'interroger tout de même si on peut recourir à la grève dans un secteur aussi sensible que celui de la santé. L'exemple du syndicat des vétérinaires qui a opté pour une autre forme de protestation, à savoir le port de brassards et la distribution d'affiches pour la vulgarisation de leur mission tout en accomplissant leurs tâches durant les deux jours de l'Aïd mérite d'être relevé. Les syndicats représentant la corporation médicale auraient pu agir de la même manière, en recourant à d'autres formes de protestation tout en soulageant la douleur des malades. R. M.