Membre actif de l'Opep, respectueux de ses décisions, l'Algérie reste parmi les pays les plus pondérés de l'organisation pétrolière. Elle estime toujours qu'un prix de baril au-dessous de soixante-quinze dollars ne convient à personne, ni aux pays consommateurs ni aux pays producteurs. S'agissant de la stabilité des marchés, l'Opep doit en faire une priorité absolue. Elle est également parmi les pays qui militent pour une Opep cohérente, crédible, sérieuse dans l'application de ses décisions. L'Algérie est une voix respectée au sein de l'organisation, un profil qui compte dans le domaine énergétique, à l'échelle régionale et internationale. Le pays a introduit, en 2005, une nouvelle législation pétrolière dont la finalité est d'ouvrir davantage le marché pétrolier à la concurrence internationale. La nouvelle loi, qui, soit dit au passage, a fait débat, a provoqué des remous, voire des courroux. Elle a été toilettée à plusieurs reprises, avant son adoption par l'APN. L'Algérie table sur deux objectifs centraux, inscrits dans sa politique énergétique : ramener la production pétrolière à 1,4 million de barils par jour en 2005 et les exportations gazières à 85 milliards de mètre cubes d'ici à 2010. Le premier objectif a été atteint et le second en voie de l'être, notent les responsables en charge du secteur. Une nouvelle législation pétrolière Aussi, il y a quelques années, elle a voulu que son quota au sein de l'Opep soit revu à la hausse. Cela est légitime, parce que ses capacités de production ont augmenté. Et elle n'est pas la seule à le demander. Il a déjà formulé une demande en ce sens, il y a quatre ans. Elle n'a cependant rien obtenu. L'on sait que, dans un souci d'équilibre, dans les mécanismes de l'organisation, l'Algérie ne peut relever son quota que si ses pairs réduisent les leurs. L'Algérie, aux côtés d'autres pays, a suggéré que soit suspendu, pour un temps, le système des quotas. L'organisation fonctionnant par consensus, la proposition en question n'a pas été retenue. Elle a été enfin parmi les pays qui ont milité pour l'instauration de la bande fluctuante, c'est un mécanisme de régulation des prix à déclencher selon la conjoncture des marchés pétroliers : l'Opep augmentera ainsi son offre pétrolière de 500 000 barils par jour si les prix dépassent 28 dollars sur une période de vingt et un jours ouvrables. Et elle la diminuera d'autant si les prix descendent au-dessous de 22 dollars pendant vingt et un jours ouvrables, également. Même si cette fourchette n'a pas été mise de côté définitivement, il n'en est pas moins vrai qu'elle ne sert pas à grand-chose. Les pays favorables à l'abandon de cette bande estiment que les bornes 22-28 dollars n'ont plus la même valeur en absolu qu'il y deux ou trois ans. Parce que le dollar, la monnaie dans laquelle sont libellées les exportations pétrolières, a perdu en valeur face à l'euro. Cette bande fluctuante a survécu à des conjonctures difficiles avant d'être mise en veilleuse, il y a plus de trois ans. Ce mécanisme a été institué, en 2002, dans une conjoncture des plus volatiles, des plus difficiles, l'organisation, l'on s'en souvient, faisait face à d'énormes pressions de la part de pays consommateurs. Retournement de situation Les cours de pétrole venaient de se reprendre, après avoir chuté à quatorze dollars fin 1999, et certains pays se remettaient à peine de la crise financière de 1998. Le redressement des marchés observé depuis 2002 semble cependant s'effilocher aujourd'hui. Un retournement de situation né d'une crise financière. Il faut dire que les efforts que l'Opep a consentis n'ont pas permis de terrasser les courbes descendantes des prix. En est-elle seule membres pour autant ? Ses membres estiment que l'Opep ne peut pas, à elle seule, faire en sorte que les cours du pétrole évoluent toujours dans une fourchette stable qui arrange tout le monde. Aussi, elle en appelle à la responsabilité des pays non OPEP. Ces derniers, mis à part la Russie, ne sont pas enthousiastes à une baisse sensible de leurs quotas. Les non OPEP ne sont pas soumis à des pressions de la part des pays consommateurs comme l'est l'Opep. Celle-ci le vérifie chaque fois qu'il y a enfièvrement des marchés. Les pays consommateurs la tiennent pour responsable de l'envolée des prix, pendant que les pays non Opep produisent au bon vouloir de leurs majors. Aujourd'hui que les cours dégringolent, des pays consommateurs estiment que réduire la production ne serait pas une bonne mesure. L'organisation, produisant à plein régime aujourd'hui, entend baisser sensiblement ses quotas à la faveur de la conférence extraordinaire du 17 décembre à Oran. S'ils le font, les pays membres de l'organisation dégageront un signal fort pour le marché. Deux temps forts dans la présidence algérienne de l'Opep. Le premier, c'était en 2001, une période difficile pour les marchés, après les évènements du 11 septembre. L'organisation que dirigeait Chakib Khelil devait faire face à une nouvelle conjoncture née dans le sillage de ces évènements douloureux. Le second, c'est en 2008, une période de crise financière à l'échelle mondiale. La rencontre d'Oran, dont les grandes agences de presse parlent à foison aujourd'hui, donc va déboucher sur une réduction importante de l'offre pétrolière de l'OPEP. Elle n'est pas sans rappeler la réunion de l'Opep tenue à Alger en 2004, laquelle, aussi, s'est terminée par une baisse de… deux millions de barils/jour. C'était une mesure qui avait provoqué une cacophonie générale dans le camp des pays consommateurs relayés par des organisations comme l'OCDE et l'Agence internationale de l'énergie (AIE). On s'en souvient, la réduction des quotas Opep a fait réagir des pays consommateurs qui se sont engagés dans une communication tapageuse pour dire que ce n'est pas une «mesure raisonnable». Commentant cette décision, l'Agence internationale de l'énergie a essayé dans un premier temps de minimiser les effets qui en découleront. Quoi qu'on dise des décisions qu'elle prend, de leur portée, de leur applicabilité, l'Opep estime que la stabilité des marchés demeure le socle sur lequel repose sa démarche, sa stratégie. Elle souligne aussi que les cours d'aujourd'hui sont bas et qu'elle n'a pas perdu le contrôle des marchés. Y. S.