L'OPEP, en réunion extraordinaire le mercredi 17 décembre, à Oran, va tailler dans ses quotas et de manière substantielle. Une réduction de la production est dans l'air depuis quelques semaines. C'est une mesure qui s'impose, face à la chute des cours du brut. Et, tout le monde est d'accord là-dessus. Le sens du consensus l'emporte ainsi sur l'égoïsme de certains pays membres. En tout cas, l'organisation pétrolière, sous présidence algérienne aujourd'hui, n'a pas d'autres choix que d'abaisser ses volumes de production. L'Algérie, pays pondéré, par la voix de son ministre de l'Energie et des Mines et par ailleurs président en exercice de l'OPEP, a toujours défendu une fourchette de prix qui arrange tout le monde, pays consommateurs et pays producteurs. Il est également de ceux qui militent pour une implication des pays non OPEP dans la régulation des marchés pétroliers, parce que l'effondrement des cours, tous les pays en subissent les effets, même si c'est inégalement. L'organisation pétrolière, avec un parcours historique incontestable, est appelée à maintenir sa cohésion, en ces temps de crise. La chute des prix est une situation née de la crise financière mondiale. Elle en constitue des effets collatéraux. Cette crise, apparue aux Etats-Unis, remonte en fait à l'été dernier, avec l'arrivée des premières tensions sur le marché du crédit. Bon nombre de petits et moyens producteurs pétroliers ont commencé par exemple à sortir du marché pétrolier à cause du manque de crédits. Il fallait «de plus en plus de lignes de crédit» pour tenir les appels de marge. L'OPEP, estimait, pourtant que le prix du baril de pétrole se maintiendrait «au-dessus des 110 dollars en 2009». Elle n'a pas vu juste. Depuis plus de trois mois, les cours du pétrole sont entrés en période de vaches maigres ; on est loin des 147 dollars enregistrés en juillet dernier. Alors que la tourmente financière empirait, s'étendait, la volatilité des matières premières a bondi et les prix se sont écroulés. La physionomie erratique des cours est telle qu'il est des jours où les prix ont perdu dix dollars en une séance de cotation. Il est aussi des périodes où ils avaient gagné vingt-cinq dollars en un jour, du jamais-vu depuis le lancement des contrats pétroliers sur le marché new-yorkais du Nymex. Cette extrême volatilité est loin d'être un problème résiduel. La normalité n'a plus cours. Les mouvements de prix sont insaisissables. Y. S.