Mardi prochain, les amateurs du quatrième art sont conviés à assister à la générale de la nouvelle production du Théâtre national algérien (TNA) intitulée El Ghoutia écrite par Hocine Taileb, mise en scène par Mohamed Islam Abbas, assisté par Djamel Guermi et une chorégraphie signée Nouara Idami. A l'occasion de la présentation de la pièce, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue samedi dernier, Islam Mohamed Abbas a souligné que cette nouvelle production aborde «la biographie d'une femme extraordinaire, rejetée par la société dès sa naissance, en perpétuelle quête de son âme. Il est aussi mis en exergue les rapports entre le milieu de la danse de cabaret et la politique». Il a expliqué que cette tragi-comédie est l'occasion de lever le voile sur un pan de notre société souvent ignoré par les créations théâtrales. En effet, le personnage central de la pièce, El Ghoutia, est une danseuse de cabaret de luxe qui, en raison de ses talents, va se trouver propulsée vers les hautes sphères dirigeantes. Ce qui va nourrir en elle de grandes ambitions politiques grâce à sa connaissance de la nature humaine. Né dans une confrérie maraboutique, son père la rejette et répudie sa mère car elle ne lui a pas donné de garçon. Humiliée et rejetée par tous, la mère de Ghoutia va être bannie de la zaouïa, errant de village en village. Elle ne trouvera refuge qu'auprès d'Ezzaikha, une ancienne danseuse de cabaret qui apprendra à Ghoutia les ficelles du métier. Concernant les mécanismes de la mise en scène, Abbas expliquera qu'il a choisi de revêtir les différents personnages de la pièce de particularités caricaturales, dans le but de faire rejaillir la forte charge de sincérité émotionnelle qui se dégage du personnage complexe de l'héroïne centrale. Il ajoutera que Mounira Nouara, qui incarne Ghoutia, est fraîchement diplômée de l'INADC et campera pour la première fois un personnage en tant que comédienne professionnelle. Deux autres comédiens font également partie de cette nouvelle promotion, soulignant la volonté de l'équipe et du TNA de céder les planches aux nouvelles générations. Concernant la direction des comédiens, il expliquera qu'il «les considère avant tout comme des créateurs qui ne doivent pas juste interpréter un texte mais incarner aussi un sous-texte, soit la situation dramaturgique». Il ajoutera également l'attention particulière portée à la scénographie signée Mourad Bouchhir ainsi qu'au son et à la lumière qui seront de véritables outils scéniques. L'auteur de la pièce explique que Ghoutia est avant tout l'incarnation d'une réalité sociale sur la situation de la femme en souffrance qui reste un tabou dans notre société. Hocine Taileb a expliqué qu'il s'agissait avant tout d'«investir un terrain d'écriture théâtrale socio-politique qui reste à défricher, quitte à choquer le public». Il confiera que le sujet lui a été, entre autres, inspiré de sa thèse de mémoire de fin d'études en sociologie qui avait porté sur «la prostitution clandestine en Algérie». A travers ses recherches et ses enquêtes, il a été mis face à des situations complexes où la femme en particulier, -et l'être humain en général-, était victime d'un rejet familial et social et de la manipulation des uns et des autres, l'amenant inéluctablement vers les chemins de la perdition malgré les tumultes qui rongeaient son âme. Hocine Taileb soulignera qu'il s'agit avant tout de mettre en exergue le fait que, «dans une société marquée par l'aveuglement, l'ignorance et la destruction de toutes les valeurs de justice, de liberté et d'égalité, la femme subit et subira encore les affres de l'hypocrisie sociale». S. A.